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l’air et agitées par le vent, étaient le miracle du chêne parlant, dont ils se servaient pour abuser de la crédulité de ces peuples. Ils faisaient mystère de leurs cérémonies et avaient des initiations qui devaient être assez ressemblantes à celles pratiquées par les jongleurs ou devins sauvages. La première divinité des Selles fut le Ciel, auquel ils joignirent dans la suite la Terre. Le culte de l’un et de l’autre se conserva chez eux jusqu’à l’arrivée d’une prêtresse égyptienne qui leur persuada de l’altérer.

Les Pélasges, fatigués de leurs dissensions avec les colonies étrangères, consentirent à s’en rapporter à la décision des prêtres de Dodone, qui répondirent que le nouveau culte n’offensait point les dieux. Le nombre de ceux-ci étant successivement augmenté, les plus anciens virent diminuer leurs adorateurs. Ouranos les perdit tous et il en resta très-peu à Saturne. La Terre n’aurait pas été plus heureuse, si, reparaissant sous les noms de Cérès, de Rhée et de Vesta, elle n’eût pas été l’objet des mystères de la Grèce et de l’Asie. On y apprit vraisemblablement aux initiés les vicissitudes auxquelles son culte avait été exposé dans ces contrées ; on dut encore leur expliquer comment la naissance de cette antique divinité n’était que l’allégorie du renouvellement de ce même culte, comme celle des autres dieux ne représentait autre chose que l’époque de leur adoption dans la religion publique.

Cette dernière opinion n’est pas uniquement fondée sur des conjectures. Hérodote observe que, selon les prêtres d’Égypte, les Grecs mettaient la date de la naissance des divinités étrangères au temps qu’ils en avaient reçu le culte même, lorsque ce culte était beaucoup plus ancien dans le pays d’où il venait. S’il est permis, remarque M. Fréret, d’étendre ce principe et de l’appliquer à l’histoire ou à la légende de la plupart des divinités, le lieu de leur naissance sera celui où ce culte s’était établi d’abord, ou celui qui en fut comme le centre. Les aventures de ces dieux seront l’histoire de l’établissement de leur culte. Leurs combats, leurs exploits, seront les oppositions qu’ont trouvées les prédicateurs de ce culte, et les diverses révolutions qu’il a essuyées. Les aventures des dieux dont je parle sont celles qui ont été conservées par la plus ancienne tradition, comme les guerres de Bacchus contre Panthée, contre Lycurgue, contre Persée ; ou les événements en mémoire desquels on avait institué d’anciennes cérémonies, par exemple, les combats d’Apollon contre Python, représentés dans la fête qui se célébrait tous les ans dans la Thessalie.

Par ce même principe, continue le savant académicien, les premiers prédicateurs et les instituteurs du culte des divinités seront devenus ceux auxquels leur première éducation avait été confiée, ceux qui avaient eu