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miracles, un autre Moïse pour les visions et les révélations divines, un second Élie pour les transports et les ravissements, un ange de la terre qui n’eut de conversation que dans le ciel, un disciple non plus de Jésus-Christ mortel, mais de Jésus-Christ glorieux ; un vase d’élection rempli, comme dit saint Chrysostôme, de toutes les richesses de la grâce ; le dépositaire de l’Évangile, l’ambassadeur de Dieu. » Saint Jérôme dit que le nom de Paul est un nom de victoire, et que ce grand homme commença à le porter après la première de ses conquêtes, qui fut le proconsul Saul gagné à Jésus-Christ, comme Scipion, dans Rome, prenait le nom d’Africain, après avoir dompté l’Afrique. Dieu avait choisi saint Paul pour confondre le judaïsme, pour convertir les gentils et pour former le Christianisme dès sa naissance.

Imaginez-vous, dit saint Chrysostôme, un conquérant qui entre à main armée dans un pays, qui mesure ses pas par ses victoires, à qui rien ne résiste et de qui tous les peuples reçoivent la loi : voilà une image de saint Paul convertissant la gentilité. Il entre dans des pays où l’idolâtrie était en possession de régner, et il la renverse de toutes parts. Depuis l’Asie jusqu’aux extrémités de l’Europe, il établit l’empire de la foi ; dans la Grèce, qui était le séjour des sciences et par conséquent de la sagesse mondaine ; dans Athènes et dans l’aréopage, où l’on sacrifiait à un dieu inconnu ; dans Éphèse, où la superstition avait placé son trône ; dans Rome, où l’ambition dominait souverainement ; dans la cour de Néron, qui fut le centre de tous les vices, il publie l’Évangile de l’humilité, de l’austérité, de la pureté, et cet Évangile y est reçu. Ce ne sont pas seulement des barbares et des ignorants qu’il persuade, mais ce sont des riches, des nobles, des puissants du monde, des juges et des proconsuls, des hommes éclairés, qu’il fait renoncer à toutes les lumières, en leur proposant un Dieu crucifié ; ce sont des femmes vaines et sensuelles qu’il dégage de l’amour d’elles-mêmes, pour leur faire embrasser la pénitence. En même temps qu’il a été le conquérant, il est le docteur de l’Église ; c’est lui qui nous a découvert les trésors cachés dans le