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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/151

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tentés de croire qu’il était le Christ. Mais il leur disait : « Je ne suis pas le Christ, je ne suis que la voix qui l’annonce ; celui qui est plus fort que moi va paraître ; je ne suis pas digne de porter sa chaussure. » C’est alors que Jésus parut sur les bords du Jourdain. On le croyait fils de Joseph, simple artisan ; il paraissait sans éclat, pour me servir du langage des Écritures. Il passait lui-même pour n’être qu’un ouvrier, car il s’occupa d’ouvrages manuels pendant les premières années de son passage sur la terre ; il faisait des jougs et des charrues, enseignant par son exemple quels sont les caractères distinctifs de la vraie vertu et nous apprenant à mener une vie laborieuse.

C’est alors que le Saint-Esprit, pour le manifester aux hommes, se reposa sur lui sous la forme d’une colombe, et qu’on entendit du ciel la parole prononcée longtemps d’avance par David, lorsque ce prophète dit au nom du Christ ce que Dieu le père devait dire un jour au Christ lui-même : « Vous êtes mon fils, c’est moi qui vous ai engendré aujourd’hui. » Cette parole annonçait aux hommes, lorsque le Christ se manifesta, que c’était pour eux qu’il était né et qu’il venait d’apparaître.

LXXXIX. — Vous ne devez point ignorer, me dit Tryphon, que nous attendons tous le Christ, que nous reconnaissons qu’il est annoncé par tous les passages dont vous avez fait mention. Je vous dirai même que j’ai été si frappé du nom de Jésus donnée au fils de Nave, que je vous tendrais volontiers les mains. Mais les prophètes ont-ils vraiment dit du Christ qu’il subirait un supplice aussi honteux que celui de la croix, voilà ce qui ne nous paraît pas clair ; car enfin la loi maudit celui qui est crucifié : aussi est-ce pour moi un point bien difficile à admettre. Oui, les Écritures annoncent clairement que le Christ doit souffrir ; mais doit-il souffrir un supplice maudit par la loi ? Voilà ce que nous voulons savoir de vous, si vous avez quelques moyens de nous le prouver.

— Si le Christ ne devait pas souffrir, lui répondis-je, si les prophètes n’avaient pas annoncé que les péchés du peuple le conduiraient au supplice, qu’il serait accablé d’outrages, battu de verges, compté parmi les scélérats ; lui dont personne, dit