Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/157

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poussé l’impiété jusqu’à porter vos mains sur le Christ, et fidèles encore aujourd’hui à votre ancienne perversité, vous chargez de malédictions ceux qui vous prouvent que c’est bien le Christ que vous avez crucifié ; que dis-je ! vous voudriez faire croire que c’est un ennemi de Dieu, chargé de sa malédiction, que vous avez mis à mort. N’est-ce pas le comble de la folie et du délire ? Les signes représentés par Moïse vous offrent le moyen de reconnaître celui qui est le Christ ; mais vous ne le voulez pas, et non contents de ne pas le vouloir, vous cherchez à nous embarrasser, en nous faisant toutes les difficultés qui vous viennent à l’esprit ; et puis vous ne savez plus que répondre, quand vous trouvez un Chrétien qui vous tient tête.

XCIV. Car, dites-moi, n’est-ce pas Dieu qui, par la bouche de Moïse, défendit de faire aucune image ou figure de tout ce qui est au ciel ou sur la terre ? Et pourquoi donc ce même Dieu, dans le désert, ordonne-t-il à Moïse d’élever un serpent d’airain et de le représenter par un signe qui guérissait les morsures des serpents ? Accuserez-vous Dieu de se contredire ? Ne voyez-vous pas qu’il annonçait par ce signe le grand mystère de la croix, qui devait détruire la puissance du serpent dont la ruse avait, par Adam, introduit le péché dans le monde, qu’il voulait apprendre à ceux qui croient en celui qui devait souffrir par ce signe, c’est-à-dire par la croix, qu’il était vraiment leur salut et le seul qui pût les guérir de toutes les morsures du serpent, et par ces morsures il entendait toutes les actions mauvaises, toute injustice, toute acte d’idolâtrie. Et si ce n’est pas ainsi que vous l’entendez, dites-moi pourquoi Moïse fit élever ce serpent sous la forme d’une croix ? pourquoi il enjoignit à tous ceux qui avaient été mordus par les serpents de le regarder pour être guéris, comme ils le furent en effet, lui qui avait expressément défendu de représenter l’image d’aucun objet ?

Alors un de ceux qui étaient venus la veille me dit : — Voilà la véritable explication ; nous n’en pouvons pas donner d’autre. J’ai souvent demandé à nos docteurs de m’expliquer