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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/165

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Dans ces paroles qui suivent, nous trouvons encore une prédiction de ce qui devait arriver : « Tous ceux qui me voient m’insultent ; le mépris sur les lèvres, ils ont secoué la tête en disant : Il a mis son espoir en Dieu : que Dieu le sauve, puisqu’il se plaît en lui. » Ceux qui le voyaient en croix n’ont-ils pas secoué la tête ? Par le mouvement de leurs lèvres et l’air moqueur de leur visage, ils rivalisèrent d’insulte, et en le raillant ils lui adressèrent ces paroles que nous lisons dans les écrits de ses apôtres : « Il se dit le fils de Dieu : qu’il descende de sa croix et qu’il marche ; que Dieu vienne à son secours. »

CII. Et ces autres paroles : « C’est vous qui m’avez tiré du sein de ma mère ; c’est vous qui étiez mon espérance. Du sein de ma mère, j’ai été jeté entre vos bras ; vous étiez mon Dieu, lorsque je suis sorti de ses entrailles. Personne n’est là pour me secourir ; une multitude de jeunes taureaux m’ont environné, les taureaux de Basan m’ont assailli ; ils fondent sur moi la gueule béante comme le lion qui déchire et qui rugit ; je me suis écoulé comme l’eau ; tous mes os ont été ébranlés ; mon cœur a défailli au dedans comme une cire qui se fond ; ma force s’est desséchée comme l’argile, ma langue s’est attachée à mon palais. » L’événement pouvait-il être prédit d’une manière plus claire ? Examinons d’abord cette circonstance : « Vous qui fûtes mon espérance dès le sein de ma mère. » À peine est-il né à Bethléem que le roi Hérode, instruit de sa naissance par des mages venus d’Orient, lui tend des embûches et cherche à le faire mourir. Mais Joseph, averti par le Seigneur, prend l’enfant avec la mère et se retire en Égypte. Le père qui l’avait engendré ne voulait pas qu’il mourût avant qu’il fût arrivé à l’âge viril et qu’il eût annoncé sa parole. On me demandera peut-être s’il n’eût pas été plus convenable que Dieu fît périr Hérode ? Je répondrai à cette question par une autre : Dieu ne pouvait-il pas dès le commencement du monde frapper de mort le serpent, au lieu de dire : « Je mettrai de l’inimitié entre le serpent et la femme, entre la race de l’un et la race de l’autre. » Ne pouvait-il pas faire naître tous les hommes