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breux, préservés du glaive exterminateur, tandis que les premiers-nés des Égyptiens périssaient, durent leur salut au sang de l’agneau pascal qui arrosait les deux côtés et le seuil de leurs portes. Mais la Pâque c’était le Christ qui fut immolé plus tard, ainsi que l’avait annoncé Isaïe par ces paroles : « Il a été conduit à la mort comme une brebis. » Et n’est-ce pas vers le jour de Pâques que vous l’avez arrêté, que vous l’avez crucifié ? Eh bien ! de même que le sang de l’agneau pascal a sauvé les Hébreux qui étaient en Égypte, de même le sang du Christ sauvera de la mort ceux qui croiront en lui. Mais pourquoi ce sang mis sur les portes ? Est-ce que, sans cette marque, la main de Dieu se serait trompée ? Non, assurément, tout ce que je veux dire, c’est que Dieu annonçait par là que le sang du Christ serait le salut du genre humain.

Le ruban de pourpre que les espions envoyés par Jésus, fils de Nave, donnèrent à la courtisanne Rahab, de la ville de Jéricho, en lui recommandant de le suspendre à la fenêtre par laquelle elle les fit descendre pour les soustraire à l’ennemi, figurait également le sang du Christ qui, chez tous les peuples, remet les iniquités, et devient le gage du salut pour les hommes injustes et adultères qui cessent de retomber dans le péché.

CXII. Combien vous dégradez Dieu par vos misérables interprétations, quand vous donnez à toutes ces paroles un sens si étroit, et que vous savez si peu pénétrer la profondeur des choses qu’elles expriment ? À les prendre comme vous les entendez, il faudra donc accuser Moïse d’avoir violé la loi qu’il avait portée ; car, après avoir défendu lui-même de représenter la figure d’aucune créature, soit du ciel, soit de la terre, soit de la mer, il fit faire un serpent d’airain qui était placé au-dessus d’un certain signe, et il ordonna à tous ceux qui avaient été mordus de le regarder ; et ceux qui le regardaient étaient guéris. Direz-vous que leur guérison venait du serpent ? Mais comment pourrait-elle venir de lui, puisque Dieu l’a maudit dès le commencement du monde, et frappé de sa redoutable épée, comme le dit Isaïe ?