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c’est le Christ qui, dans la nouvelle Jérusalem, sera l’éternelle lumière ; il est le véritable roi de Salem selon l’ordre de Melchisédech, et le prêtre éternel du Très-Haut. Mais revenons à Josué ; il est rapporté qu’il ordonna une seconde circoncision et qu’elle fut faite avec des couteaux de pierre : n’était-ce pas une prophétie de cette circoncision par laquelle le Christ nous retranche ou plutôt nous sépare des dieux de pierre et d’autres simulacres semblables ? Il est dit aussi que Josué réunit en un même lieu les Hébreux qui furent circoncis ; n’était-ce pas encore une image de ce que fit le Christ, qui rassembla de toutes les parties du monde, en un même corps, ceux que le véritable couteau de pierre, c’est-à-dire sa parole, avait retranché du monde idolâtre ? Car vous savez que la pierre est présentée comme la figure du Christ : similitude souvent employée par les prophètes ; et sa parole est avec raison comparée à un couteau de pierre : par elle, en effet, tant d’hommes incirconcis et plongés dans l’erreur ont reçu la circoncision du cœur et non de la chair ! et c’est à cette circoncision que Dieu, par Jésus, exhortait ceux qui avaient reçu celle d’Abraham, lorsqu’il nous dit que ceux qui entrèrent dans la terre-sainte reçurent de Jésus une seconde circoncision qui fut faite avec des couteaux de pierre.

CXIV. Souvent l’Esprit saint parlait de manière à montrer l’avenir sous une image vive et frappante, et souvent il annonçait les événements futurs comme s’ils se passaient déjà, ou même comme s’ils étaient déjà passés. Je vais vous citer quelques exemples qui vous feront comprendre ce que j’avance. Isaïe nous dit, en parlant du Christ : « Il a été conduit à la mort comme une brebis, et comme un agneau devant celui qui le tond. » Il est évident qu’il parle de la passion comme si déjà elle était accomplie ; et ailleurs, lorsqu’il dit : « J’ai étendu mes mains vers un peuple incrédule et rebelle. » Ne croirait-on pas qu’il s’agit d’un événement passé ? Il en est de même de cet autre endroit : « Seigneur, qui a cru à votre parole ? » J’ai prouvé à plusieurs reprises que le même prophète donnait souvent au Christ le nom de Pierre par similitude, et par métaphore celui de Jacob et d’Israël ; et dans un autre en-