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NOTES SUR LES OUVRAGES DE SAINT JUSTIN.


EXTRAIT DU DICTIONNAIRE THÉOLOGIQUE DE BERGIER.


Dom Prudent Marand a donné une édition des ouvrages de ce Père, en grec et en latin, à Paris, en 1742, (in-fol.) Il y a joint les Apologies d’Athénagore, de Tatien, d’Hermias, et les trois livres de saint Théophile d’Antioche à Antolycus ; tous ces écrits sont du second siècle.

Comme le témoignage d’un auteur aussi ancien et aussi respectable que saint Justin est du plus grand poids en matière de doctrine, les critiques protestants ont fait tous leurs efforts pour l’affaiblir ; ils prétendent qu’il y a dans ses ouvrages des erreurs, et les incrédules ont été fidèles à reproduire cette accusation.

En premier lieu, Le Clerc (Hist. Ecclés., an. 101, § 5) prétend que, faute d’avoir su l’hébreu, ce Père est tombé dans plusieurs méprises ; qu’il accuse mal à propos les Juifs d’avoir effacé dans la version des Septante plusieurs prophéties qui annonçaient Jésus-Christ comme Dieu et homme crucifié (Dial. cum. Tryph., n. 71 et 72) ; que s’il avait pu consulter le texte hébreu, il aurait vu que des quatre passages qu’il cite en preuve, il y en a un qui se trouve parfaitement conforme dans le texte et dans la version, mais qui ne regarde pas Jésus-Christ. Les trois autres n’y sont point ; d’où l’on doit conclure que c’est une interpolation faite dans les exemplaires des Septante dont se servait saint Justin, et qui partait de la main d’un Chrétien plutôt que d’un Juif. En second lieu, ajoute Le Clerc, si ce Père avait confronté la version des Septante avec le texte hébreu, il aurait vu combien cette version est fautive ; il n’aurait pas été tenté de la croire inspirée, non plus que les autres Pères de l’Église ; il aurait ajouté moins de