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ment, l’homme créé à l’image de Dieu fut abandonné de l’Esprit saint et sujet à la mort ; mais le premier-né de la création, pour avoir ignoré son devoir et transgressé la loi de Dieu, fut changé en démon ; ceux qui imitèrent son orgueil insensé, et se laissèrent prendre à ses illusions, formèrent des légions de démons et furent abandonnés à leur folie, parce qu’ils avaient abusé de leur libre arbitre.

VIII. Bientôt ces derniers trouvèrent dans les hommes un nouvel aliment à leur révolte ; car leur ayant montré les astres disposés dans les cieux comme les dés sur une table, ils introduisirent le destin qui répugne à toute idée de justice. En effet, d’après ce système, le juste et le coupable ne doivent qu’au destin d’être ce qu’ils sont ; le meurtrier et sa victime, le riche et le pauvre sont sous l’empire de la même fatalité. C’est ainsi que tout ce qui naît et doit naître est comme une scène qui sert à amuser ceux dont un poëte a dit : « Un rire inextinguible s’est emparé des dieux au milieu de leur bonheur. »

Comment ne pas regarder comme des mortels des dieux qui assistent à un combat singulier, et qui favorisent chacun leur combattant ; celui qui se marie, qui corrompt l’enfance et qui commet l’adultère ; celui qui rit et qui se met en colère ; celui enfin qui fuit et qui reçoit une blessure ? Et en se montrant ainsi aux hommes avec toutes leurs turpitudes, ne les ont-ils pas exhorté à marcher sur leurs traces ? De plus, ces démons, et Jupiter leur chef, ne sont-ils pas aussi soumis au destin, puisqu’ils ont été esclaves des mêmes passions qui tyrannisent les hommes ? D’ailleurs, comment adorer des dieux qui ne s’accordent nullement entre eux ? Car on dit que Rhéa, appelée Cybèle par les habitants des montagnes de Phrygie, prescrivit par une loi la mutilation des parties sexuelles, à cause d’Atis qu’elle aimait ; tandis qu’au contraire, Vénus se plaît aux jouissances du mariage. Diane est magicienne, et Apollon est médecin. Après qu’on eût coupé la tête de la Gorgone amie de Neptune, d’où sont sortis le cheval Pégase et Chrisaor, Minerve et Esculape se partagèrent les gouttes de son sang ; l’un se servit de ce sang pour rendre la santé, et l’autre, par ce même sang, devint homicide et déesse des combats. C’est sans doute par respect pour l’honneur de cette déesse que les Athéniens ont attribué à la Terre le fils qu’elle avait eu de son commerce avec Vulcain, de peur que l’on ne crût que Minerve avait été séduite par Vulcain, comme Atalante par Méléagre ; car il est vraisemblable que ce dieu, qui fabriquait des anneaux et des boucles d’oreilles, sut gagner, tout