Aller au contenu

Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se ferait-il que n’ayant point été mauvais pendant ma vie, les restes de mon corps, qui n’ont ni mouvement ni sentiment, produisent après ma mort, et sans aucune coopération de ma part, quelque sensation ? Comment un homme qui est mort de la manière la plus indigne pourra-t-il prêter son secours à la vengeance d’autrui ? Certes, s’il avait quelque pouvoir il s’efforcerait bien plutôt de combattre son propre ennemi ; car celui qui peut prêter aux autres son secours peut, à plus forte raison, venger ses propres injures.

XVIII. L’art de guérir et tout ce qu’il renferme est encore un artifice des démons ; car si la matière guérit celui qui a confiance en elle, à plus forte raison la vertu de Dieu guérira-t-elle celui qui y aura recours. Les choses qui nuisent sont des compositions matérielles aussi bien que celles qui guérissent ; si nous repoussons une matière pernicieuse, il s’en trouve qui la mêlent à d’autres éléments pour tâcher d’opérer des guérisons, et qui se servent ainsi du mal pour aller au bien. Or, comme celui qui a soupé avec un voleur, quoiqu’il ne soit point voleur lui-même, est soumis au même châtiment, par cela seul qu’il s’est trouvé à table avec lui, ainsi l’homme qui s’est servi de mauvais moyens dans l’intention de procurer le bien, quoiqu’il ne soit point mauvais lui-même, sera condamné par la justice de Dieu, à cause du commerce qu’il a eu avec le mal. Pourquoi, en effet, celui qui a confiance à l’efficacité de la matière ne veut-il pas avoir confiance en Dieu ? Pour quelle raison ne vous adressez-vous pas au maître tout-puissant, et aimez-vous mieux vous guérir vous-même, comme le chien, au moyen d’une herbe, le cerf, au moyen d’une vipère, le porc, avec des écrevisses de rivières ; et le lion, en mangeant de la chair de singe ? Pourquoi accordez-vous la divinité aux choses qui sont dans le monde ? Pourquoi vous appelle-t-on bienfaisant, lorsque vous guérissez le prochain ? Attachez-vous à la puissance du Verbe ; car les démons ne guérissent point, mais ils dressent à l’homme des embûches et le réduisent en servitude. L’admirable saint Justin a dit avec raison que les démons étaient semblables aux voleurs ; de même, en effet, que ces derniers prennent quelquefois des hommes vivants pour les rendre ensuite à leur famille au moyen d’une rançon, ainsi les démons, après s’être insinués dans des corps humains et les avoir avertis en songe de leur présence, leur ordonnent ensuite de paraître en public, et à la vue de tous les spectateurs ; abandonnant les corps malades dont ils avaient pris possession, ils détruisent ainsi les maladies dont ils étaient les auteurs, et rendent à l’homme sa première santé.