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plaisirs des sens, avaient de grands rapports avec la secte d’Épicure, la plus facile de toutes à imiter. Peut-être même les pharisiens superbes, inflexibles, minutieux observateurs de la règle, sembleraient-ils, au premier coup d’œil, avoir quelques traits de la secte stoïque ; mais ces analogies ne sont rien devant le caractère profondément mosaïque imprimé sur ces trois sectes. C’était aux livres hébreux que les saducéens empruntaient de bonne foi leurs dogmes ; c’était dans ces vives peintures d’abondance et de bonheur terrestre, où se complaît l’imagination orientale ; c’était dans ces allégories matérielles dont se voilent les vérités morales de la Bible, qu’ils puisaient leurs doctrines. Ils n’étaient que de serviles interprètes, de grossiers traducteurs de l’ancien Testament. Ils offraient, pour ainsi dire, leur mollesse et leurs plaisirs, comme un gage de leur foi. Ils ne divinisaient pas la volupté comme avait fait l’imagination des Grecs, mais ils la croyaient un hommage à leur dieu, un signe qu’ils étaient le peuple de son choix.

Les pharisiens, au contraire, exagéraient la rigueur et les minutieuses observances de la loi mosaïque. Leur apparente piété couvrait leur hauteur et leur avarice ; et, comme ils exerçaient presque toutes les fonctions du sacerdoce, ils avaient à la fois l’orgueil de prêtre et celui de sectaire ; leur culte était tout matériel, imposant des pratiques extérieures plutôt que des vertus, prescrivant des jeûnes rigoureux, mais ne retranchant aucune passion. Leur foi était cependant spiritualisée : ils croyaient à l’immortalité de l’âme, aux peines et aux récompenses d’une autre vie. Plusieurs d’entr’eux étaient versés dans les lettres grecques, sans rien perdre de leur intolérance religieuse.

Après les autres nations, ce qu’ils méprisaient le plus, c’était la leur ; ils s’en distinguaient par un faste de piété. Ils portaient sur eux des théphilims ou espèces d’écriteaux, sur lesquels étaient inscrits des passages de la loi mosaïque. Cependant, leur adroite ambition se ménageait avec les Romains, et ils gouvernèrent presque toujours sous leurs ordres.

Les esséniens étaient remarqués par les Romains pour leur