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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/363

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les âmes de chaque homme ; ces héros sont bons ou mauvais, selon les qualités de leurs âmes. Platon ne dit rien des héros, mais il admet un Dieu incréé, des astres fixes ou errants, créés par l’éternel pour l’ornement des cieux, et des démons ; il ne s’explique pas sur ces derniers, il renvoie à ceux qui en ont déjà parlé. « Parler des démons, dit-il, faire connaître leur origine, c’est une œuvre au-dessus de mes forces. Mais il faut s’en rapporter à ceux qui nous en ont entretenu les premiers, aux descendants des dieux ; comme ils se sont qualifiés eux-mêmes, ils doivent connaître leurs ancêtres. On ne peut sans doute refuser de croire aux enfants des dieux, quand même ils ne donneraient point de preuves satisfaisantes et infaillibles de ce qu’ils avancent, puisqu’ils racontent les choses de famille, et que la loi ordonne de leur soumettre sa foi. Pensons donc comme eux, et parlons de la génération des dieux, comme ils nous l’ont eux-mêmes transmise. De la Terre et du Ciel, ont-ils dit, naquirent l’Océan et Téthys : de ceux-ci, Phorcys, Saturne et Rhéa ; de ces derniers, Jupiter et Junon, et tous les frères qu’on leur donne ; et ainsi des autres. »

Or, je vous le demande, pouvez-vous penser que le divin Platon, qui contempla l’esprit éternel et le Dieu que la raison seule peut comprendre, le Dieu qui s’est fait connaître sous ses véritables attributs, c’est-à-dire comme étant l’Être, et l’Être qui ne change pas, l’Être source de tout bien, principe de toute vérité ; lui qui avait ainsi parlé de la première puissance, et qui avait dit comment toutes choses sont autour du roi qui a tout fait, comment tout est à cause de lui, comment il est lui-même la cause de tout, comment enfin il s’accommode à tous les êtres, second avec les seconds, troisième avec les troisièmes, pensez-vous, dis-je, que ce philosophe ait jugé au-dessus de ses forces de découvrir la vérité sur ces dieux nés des êtres qui tombent sous les sens, telles que le ciel et la terre ? Non, sans doute ; mais il comprenait fort bien que les dieux ne peuvent ni engendrer ni être engendrés, puisque les choses engendrées