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une autre, est adultère ; » montrant par-là qu’il n’est pas permis de renvoyer celle qui nous a donné sa virginité, pour en épouser une autre. Celui qui abandonne sa première femme et se marie même après la mort de celle-ci, au fond n’est pas exempt du crime d’adultère, soit parce qu’il va contre l’intention de Dieu, qui créa dès le commencement un seul homme et une seule femme, soit parce qu’il rompt l’alliance de la chair avec la chair, alliance devenue indissoluble par le fait d’une première union.

XXXIV. Voilà notre vie et nos principes. Révèlerai-je ici ce qu’il faut taire ? ne savons-nous pas ce que dit le proverbe : La courtisane accuse la femme pudique. En effet, des hommes qui trafiquent de la pudeur, qui ouvrent à la jeunesse des lieux de débauche, et ne respectent pas même les sexes, puisqu’ils se livrent entre eux à d’horribles infamies, souillant par toutes sortes de turpitudes la pureté et la vertu, flétrissant par de monstrueux excès la beauté, qui est un don de Dieu, car la beauté ne vient pas d’elle-même sur la terre, c’est la main de Dieu et sa volonté qui l’y fait naître ; ces hommes, qui ne trouvent en nous aucun crime, osent nous reprocher ceux qu’ils commettent eux-mêmes, ceux qu’ils attribuent à leurs dieux, et dont ils se parent comme de hauts faits. Ainsi, ces adultères, ces corrupteurs de l’enfance, s’acharnent contre nous, parce que nous restons dans le célibat et que nous ne contractons qu’un seul mariage : ne ressemblent-ils pas aux reptiles qui vivent dans l’eau (car aussi bien qu’eux ils dévorent le premier qu’ils rencontrent), et le plus fort poursuit le plus faible ; et n’est-ce pas attenter sur l’homme, exercer d’horribles violences, au mépris des lois que vous avez données, ainsi que vos ancêtres, pour établir le règne de l’équité ? Ces hommes, dont les crimes multipliés sont cause que les juges que vous envoyez dans les provinces succombent sous le poids des plaintes qui leur viennent de toutes parts, ne craignent pas de se déchaîner contre ceux qui ne peuvent frapper l’homme qui les frappe, ni maudire celui qui les maudit ; c’est trop peu pour nous, en effet, d’observer cette jus-