Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/381

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sa science, ses opérations divines, tous les devoirs qui découlent naturellement de ces connaissances, le culte que nous lui devons, rien n’a été épargné : les uns ont désespéré d’arriver à la vérité sur ces questions, d’autres lui ont fait violence pour l’accommoder à leurs systèmes ; d’autres enfin ont révoqué en doute ce qu’il y a de plus certain et de plus évident : d’où je conclus que celui qui entreprend de traiter ces questions doit partager son discours en deux parties ; parler dans l’une pour la vérité, et dans l’autre sur la vérité. La partie destinée à défendre la vérité s’adresse aux personnes qui doutent ou refusent de croire ; celle qui traite du fond de la vérité regarde les esprits droits, amis de la vérité et avides de la connaître. C’est pourquoi, lorsqu’on traite ces sortes de sujets, il faut considérer ce qui convient à l’époque où l’on parle, renfermer la discussion dans les bornes qu’elle exige, établir l’ordre que comporte le sujet, suivre fidèlement le plan qu’on s’est tracé, et mettre chaque chose à la place qui lui convient. La méthode, l’ordre naturel, semblent demander que la partie du discours qui établit la vérité précède la partie destinée à la défendre ; mais si l’on considère l’utilité, on verra que c’est au contraire celle-ci qui doit être placée la première. Ainsi voit-on le laboureur attentif à n’ensemencer ses terres qu’après les avoir défrichées et débarrassées des ronces et des épines nuisibles à la semence ; ainsi voit-on un habile médecin ne faire prendre à un malade les remèdes propres à le guérir qu’après l’avoir délivré de toute humeur vicieuse, ou en avoir arrêté le cours ; vous ne ferez jamais entrer la vérité dans un esprit prévenu d’une erreur qui le met en garde contre cette vérité. Aussi, dans l’intérêt de ceux qui m’écoutaient, j’ai toujours commencé par dissiper leur prévention contre la vérité avant de leur donner les preuves qui l’établissent.

Procédons de la même manière dans ce discours sur la résurrection ; c’est l’ordre qui convient le mieux, je crois, à mes auditeurs. En effet, sur ce point comme sur tant d’autres, plusieurs sont incrédules, d’autres doutent ; ceux mêmes qui admettent les premiers principes ne paraissent pas plus fermes