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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/390

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en conclure qu’on ne verra jamais la chair de l’homme s’identifier avec la chair de l’homme ; car elle est pour lui un aliment contre-nature, bien que, par suite d’une affreuse fatalité, on ait pu la manger. Ainsi, les corps humains, privés de la faculté de nourrir, et dispersés dans les parties de l’univers où ils ont pris naissance, vont s’unir de nouveau à leurs principes jusqu’au temps marqué par le créateur. Tirées de là une seconde fois, par la sagesse et la puissance de celui qui sut pourvoir chaque animal des facultés qui lui sont propres, ces diverses parties se réunissent dans leur ordre naturel, soit qu’elles aient été consumées par les flammes ou décomposées par les eaux, soit qu’elles aient été la proie des bêtes féroces ou de tout autre animal, soit enfin qu’une partie détachée du tronc avant le temps ait précédé les autres dans la tombe. Chacune d’elles va reprendre la place qui lui fut assignée, pour recomposer le même corps et donner une nouvelle vie à ce qui était mort et tombé en dissolution. Je ne pousserai pas plus loin ce raisonnement, le temps ne me le permet pas ; d’ailleurs, tout le monde est de mon avis, tous ceux du moins qui n’auraient pas quelque affinité avec les bêtes.

IX. Comme il me reste des choses beaucoup plus utiles à dire sur le sujet que je traite, je passerai sous silence les inductions qu’on veut tirer des ouvrages de l’homme, lorsqu’on dit que l’ouvrier ne saurait rétablir son ouvrage, s’il vient à être brisé, mutilé ou détruit, lorsqu’on veut qu’à l’exemple du potier ou du statuaire, Dieu n’ait ni la volonté ni le pouvoir de ressusciter un cadavre entièrement réduit en poussière. Ils ne voient pas, les insensés, qu’ils font à Dieu le plus grand outrage, lorsqu’ils mettent sa toute-puissance en parallèle avec des forces infiniment inférieures, et ravalent les ouvrages de la nature au niveau de ceux que l’art a produits. Certes, je me ferais conscience de m’arrêter à de pareilles futilités, il y aurait même de la folie à les relever. Je dirai seulement que ce qui est impossible aux hommes n’est qu’un jeu pour le Tout-Puissant.

Cette seule réflexion, jointe à toutes les raisons que nous avons