Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/430

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II. Vous direz peut-être : montrez-moi votre Dieu, et moi je vous répondrai : montrez-moi que vous êtes homme, et je vous montrerai mon Dieu ; montrez-moi que vous voyez des yeux de l’esprit et que vous entendez des oreilles du cœur. En effet, il en est des oreilles du cœur et des yeux de l’esprit pour voir Dieu, comme des yeux du corps pour voir les choses de la terre et distinguer la lumière des ténèbres, le blanc du noir, la beauté de la laideur, ce qui est régulier de ce qui ne l’est pas, un objet bien proportionné d’un objet ridicule, celui qui sort de la mesure de celui qui ne l’a pas ; ou comme des oreilles du corps pour discerner entre eux les sons aigus, graves et harmonieux ; car Dieu n’est visible que pour ceux qui peuvent le voir, c’est-à-dire qui ont les yeux de l’esprit ouverts. Sans doute nous avons tous des yeux ; mais il en est dont la vue est obscurcie par un nuage, et qui ne peuvent voir la lumière du soleil ; les aveugles n’apperçoivent point cette lumière : en brille-t-elle moins dans l’univers ? C’est ainsi que les péchés, les passions, jettent un nuage sur les yeux de l’esprit. L’âme de l’homme doit être pure comme un miroir sans tache ; et comme celui-ci ne reproduit point les objets une fois qu’il est terni, ainsi l’âme, souillée par le péché, ne peut plus voir Dieu. Montrez-moi donc si vous n’êtes point adultère, impudique, voleur, spoliateur, corrupteur de l’enfance ; si vous n’êtes point calomniateur, médisant, colère, envieux, superbe ; si vous n’êtes point orgueilleux, meurtrier, avare, sans respect pour vos parents et cupide jusqu’à faire trafic de vos enfants ; car Dieu ne se montre point à ceux qui sont infectés de ces vices, à moins qu’ils n’aient pris soin de s’en purifier. Toutes ces criminelles actions nous plongent dans les ténèbres, et nos impiétés s’interposent entre notre âme et la vue de Dieu, comme l’humeur arrêtée sur l’œil de l’aveugle s’interpose entre lui et la lumière du soleil.

III. Vous me direz : vous qui voyez, tracez-moi donc une image fidèle de Dieu. Écoutez, ô homme : l’image de Dieu ne peut se tracer, ni se décrire ; la Divinité ne tombe point sous les sens, on ne peut se représenter sa gloire, ni mesurer son