Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/436

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tendus dieux, je me garderai bien de rappeler les turpitudes de cette déesse et celles de ses prêtres ; nous ne pourrions, sans crime, en souiller notre bouche ; je ne parlerai pas non plus des tributs et des impôts qu’elle et ses enfants payaient au roi de la contrée. Certes, ce ne sont point des dieux, mais des simulacres, ouvrages des hommes, comme nous l’avons dit ; ce sont des démons impurs. Qu’ils deviennent semblables à leurs idoles, ceux qui les fabriquent et qui mettent en elles leurs espérances.

XI. Pour moi, je n’adore point l’empereur, je me contente de l’honorer et de prier pour lui ; mais j’adore le Dieu véritable, l’être par excellence, parce que je sais que c’est lui qui fait les rois. Pourquoi donc, allez-vous me dire, n’adorez-vous pas l’empereur ? Parce qu’il n’a pas été fait pour être adoré, mais seulement honoré comme il convient. Ce n’est point un Dieu, c’est un homme établi de Dieu pour juger avec équité et non pour recevoir des adorations. Il est en quelque sorte le délégué de Dieu. Lui-même ne souffre pas que ses ministres prennent le nom d’empereur, car c’est son nom, et il n’est permis à personne de le prendre : ainsi Dieu veut être seul adoré. Voilà, ô homme ! comme vous êtes dans l’erreur sur toutes choses. Honorez donc l’empereur, mais honorez-le en l’aimant, en lui obéissant et en priant pour lui ; si vous le faites, vous accomplirez la volonté de Dieu, manifestée dans ces paroles : « Mon fils, honore Dieu et le roi, et ne leur désobéis jamais ; car ils se vengeront aussitôt de leurs ennemis. »

XII. Vous vous permettez des railleries sur le nom de Chrétien : vous blasphémez ce que vous ignorez ; tout ce qui a reçu onction est doux, utile, et ne doit pas être raillé. Un vaisseau pourrait-il voguer en sûreté et servir, s’il n’était frotté d’huile ; une tour, une maison serait-elle élégante et commode, sans le brillant de l’enduit qu’on applique sur ses murs ? L’huile ne coule-t-elle pas sur celui qui vient au monde ou qui entre dans la lice ? Quel ouvrage est beau et plaît à la vue, si l’huile ne lui donne de l’éclat, s’il n’a été bien poli ? L’air et toute la terre qui se trouve au-dessous du ciel ont reçu une sorte d’onction de