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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/46

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pandues parmi vous contre les mœurs et les habitudes des Chrétiens ; et, s’il faut ici les rappeler, nous aurait-on peints à vos yeux comme des hommes qui mangent de la chair humaine, qui, le repas fini et les lumières éteintes, se livrent aux plus infâmes débauches ; ou bien, enfin, nous condamnez-vous seulement parce que nous suivons la religion du Christ, parce que nous professons une doctrine qui ne vous semble pas la vérité ?

— Oui, reprit Tryphon, ce que vous venez de dire en dernier lieu est la seule chose qui nous étonne ; pour les discours de la multitude, ils ne méritent pas d’être répétés et répugnent trop à la nature. Je trouve, au contraire, dans le livre que vous appelez Évangile, de très-beaux préceptes de morale, mais si élevés et si sublimes, que je les crois impraticables ; car j’ai eu la curiosité de lire ce livre. Mais n’est-il pas étonnant que des hommes qui se piquent de piété, qui prétendent par là se distinguer des autres, n’en diffèrent en aucune manière et ne vivent pas mieux que les gentils ? En effet, vous n’observez ni les fêtes, ni le sabbat, ni la circoncision ; vous placez votre espérance dans un crucifié, vous ne suivez aucun des préceptes du Seigneur, et vous osez attendre de lui des récompenses ! Ne lisez-vous pas dans le Testament qu’il nous a donné, que tout homme qui n’aura pas été circoncis le huitième jour périra d’entre son peuple ? La loi comprend jusqu’aux étrangers qui vivent parmi nous, jusqu’aux esclaves que l’on achette. Vous ne tenez compte ni du Testament, ni de ses conséquences ! Comment donc nous persuaderez-vous que vous connaissez Dieu, lorsque vous ne faites rien de ce qu’on voit faire à tous ceux qui le craignent ? Montrez-nous, si vous le pouvez, sur quoi se fonde votre espoir quand vous transgressez sa loi ; donnez-nous une raison qui nous satisfasse : alors nous vous écouterons très-volontiers, et c’est avec le même plaisir que nous discuterons tout le reste avec vous.

XI. Je repris en ces termes : Le seul Dieu véritable, Tryphon, celui qui a toujours été et qui sera toujours, c’est l’auteur de cet univers et du bel ordre qu’on y admire. Nous n’avons pas un autre Dieu que le vôtre, nous adorons avec vous celui