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cette circoncision de la chair n’était nécessaire qu’à vous seuls, parce que le peuple de Dieu ne devait plus être son peuple, ni sa nation sa nation, pour me servir ici des paroles d’Osée, l’un des douze prophètes ; car tous ces justes dont je viens de parler furent agréables à Dieu, bien qu’ils n’aient pas observé vos sabbats non plus, Abraham et tous ses descendants jusqu’à Moïse, sous lequel votre peuple signala toute sa perversité et son ingratitude par ce veau d’or qu’il fit élever dans le désert. C’est alors que Dieu, s’accommodant à sa légèreté, se fit immoler des victimes pour vous éloigner du culte des idoles ; et cette précaution même vous a si peu préservés de l’idolâtrie, que vous avez été jusqu’à immoler aux démons vos enfants eux-mêmes. Il a institué le jour du sabbat afin de vous empêcher de perdre le souvenir du vrai Dieu, et, comme le dit l’Écriture, pour que vous rappeliez sans cesse que c’est le Seigneur qui vous a sauvés.

XX. S’il vous a aussi commandé de vous abstenir de certaines viandes, c’est qu’il voulait que, même pendant vos repas, vous eussiez sa pensée présente à l’esprit, tant vous étiez prompts à l’oublier, ainsi que le dit Moïse : « Le peuple s’est assis pour manger et pour boire, et s’est levé pour danser. » Et ailleurs : « Le peuple bien-aimé, après s’être engraissé, se révolta ; appesanti, rassasié, enivré, il a délaissé le Dieu son créateur. » Moïse, dans le livre de la Genèse, ne nous a-t-il pas raconté que Dieu permit à Noé, cet homme juste, de manger de toute espèce d’animaux, excepté de la chair qui aurait encore son sang, c’est-à-dire suffoquée ? Tryphon se préparait à m’objecter ces paroles : Ainsi que des plantes. Je le prévins : Et pourquoi, lui dis-je, ne pas prendre ces mots, ainsi que des plantes, dans le sens que Dieu y attachait ? C’est-à-dire que, de même qu’il donnait à l’homme toutes les plantes pour en faire sa nourriture, de même il lui donnait tous les animaux pour en manger. Mais, parce qu’il est certaines herbes dont nous nous abstenons, vous croyez que c’est parce que Dieu aurait prescrit à Noé de faire entre elles une distinction. Ce n’est nullement dans ce sens qu’il faut entendre ce passage.