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puissance anéantie, que les hommes ne craignissent plus la mort, qu’au second avénement du Christ elle s’éloignât pour toujours de ceux qui croient en lui et ne cherchent qu’à lui plaire, qu’en un mot elle n’existât plus lorsque les uns auront subi le jugement et la condamnation qui les enverra au supplice d’un feu éternel, et que les autres entreront dans cette heureuse immortalité qui les affranchira pour toujours de la souffrance, de la misère et de la corruption.

XLVI. — Mais dites-moi, reprit Tryphon, ceux qui voudraient encore aujourd’hui observer la loi de Moïse en même temps qu’ils croiraient en Jésus-Christ crucifié, et le reconnaîtraient pour le Christ de Dieu qui doit juger tous les hommes et dont l’empire est éternel, seraient-ils sauvés ?

— Mais voyons d’abord, lui dis-je, s’il est possible à présent d’observer tous les préceptes de la loi. — Non, assurément, répondit Tryphon. Nous reconnaissons avec vous qu’on ne peut immoler qu’à Jérusalem l’agneau paschal, que la loi ne veut pas qu’on offre ailleurs les deux boucs dans les jours de jeûne et qu’on fasse hors de son temple les autres oblations.

Alors je repris : — Dites-moi, je vous prie, quelles sont les observances de la loi qu’il est possible de suivre, et vous serez convaincus qu’on peut se sauver sans accomplir ces préceptes que vous croyez être ceux de la justice éternelle.

— On peut encore, dit Tryphon, observer le sabbat, la circoncision, les nouvelles lunes, les purifications prescrites quand on a touché quelque objet d’impur ou rempli le devoir conjugal.

— Mais, lui dis-je, Abraham, Isaac, Jacob, Noé, Job et tous les autres justes qui ont vécu avant ou après ces patriarches, Sara, l’épouse d’Abraham, et Rebecca, l’épouse d’Isaac, Rachel et Lia, les épouses de Jacob, et les autres femmes, jusqu’à la mère de Moïse, ce fidèle serviteur de Dieu, n’ont pu suivre les observances de la loi. Selon vous, seraient-ils exclus du salut ?

— Abraham n’a-t-il pas été circoncis et tous ceux qui sont venus après lui ? répliqua Tryphon.

— Je sais bien, lui dis-je, qu’Abraham et ses descendants