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avait accordée Asianus, l’un de nos diacres. Sa femme, remarquable par sa beauté, livra son âme à ses doctrines, et son corps à ses passions infâmes. Longtemps errante à la suite de celui qui l’avait trompée, et revenue à la loi sainte, non sans de grands efforts de la part de nos frères, elle ne cessa, le reste de sa vie, de confesser sa faute et de la pleurer.

Ses disciples l’imitèrent : comme lui, cherchant à exercer leurs séductions, ils ont trompé un grand nombre de femmes. Et c’est après cette conduite infâme, au milieu de ces abominations, qu’ils osaient encore s’appeler parfaits entre les parfaits, et doctes entre les savants ! Nul parmi les apôtres, ni Paul, ni Pierre, à les entendre, ne les égalait. Leur science était au-dessus de toute science, ils participaient à l’inénarrable grandeur ; seuls ils possédaient tout à un souverain degré ; ils étaient, faut-il le dire, supérieurs à la vertu même ; aussi s’affranchissaient-ils de toute crainte, et se disaient-ils, au milieu de leur libertinage sans bornes, impalpables et invisibles à leurs juges. Étaient-ils arrêtés : « Compagne de Dieu, disaient-ils, pour redevenir libres aussitôt ; compagne de Sigé, qui précédas les Æons, qui guidas les grandeurs à la face du Père, qui fixes éternellement leurs regards, c’est par toi, c’est de toi que l’invisibilité nous est communiquée ; toi, dont l’audacieuse création leur donna la vie, et pour glorifier le Propator, nous a formé à leur image, au moment où sa pensée en travail enfanta, comme en un songe, les substances supérieures, voilà le juge ; on m’ordonne de me défendre ; toi donc qui sais les pensées des deux parties, pour tous deux daigne, dans ton unité, exposer au juge ce qu’il en est de l’accusation qui m’est intentée. » — Aussitôt, docile à la prière qui lui est faite, la mère se hâte d’apporter des enfers, comme dans Homère, un casque ; leur tête en est couverte, et, rendus invisibles à leurs juges, ils leur échappent ; et doivent à ses soins de retrouver leur épouse et leur couche abandonnée.

C’est avec de telles paroles, c’est avec de semblables manœuvres que dans la Gaule celtique ils ont trompé tant de fem-