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connaissance et à l’investigation de l’homme ; comment donc pourraient-elles échapper à l’investigation d’un Dieu, créateur de l’univers ? Assurément, il ne pouvait connaître cette semence dont on nous parle, puisque ce qu’on nous en dit équivaut à un pur néant. C’est à de pareilles divagations que s’applique sans doute la parole de notre Seigneur, quand il a dit : « Or, je vous dis que toute parole oiseuse que les hommes auront proférée, ils en rendront compte au jour du jugement. » Nous ne doutons pas que nos adversaires ne se trouvent dans ce cas-là, eux qui amusent les hommes à écouter de pareilles chimères. Parlent-ils d’eux-mêmes ? c’est cette semence divine, qui, échauffant leur homme intérieur, les élève jusqu’à la connaissance du Plerum et des mystères du Père suprême. Parlent-ils de Demiurgos ? alors cette même semence divine dont il est rempli, et que la mère Achamoth a déposée en lui, loin de lui ouvrir l’esprit, le laisse plongé dans une profonde ignorance de ce qui se passe dans le Plerum, et de toutes choses généralement.

Mais la déraison de la déraison, c’est qu’ils se proclament eux-mêmes des hommes spirituels, parce qu’une particule de cette semence aurait été déposée en eux, ce qui fait que leur âme est de la même nature que celle de Demiurgos ; tandis que celui-ci, qui devrait au moins jouir des mêmes priviléges, d’autant qu’il est Dieu, ne peut s’élever à l’état d’esprit, reste à la nature de la bête brute, et ne saurait, en conséquence, avoir nulle idée des choses d’en haut, tandis qu’eux-mêmes, qui ne sont que des hommes, se vantent de tout pénétrer et de tout connaître ! Chez eux, qui sont hommes, cette semence, par sa vertu, aurait produit l’intelligence et la perfection ; pour celui qui est Dieu, elle n’aurait produit que l’ignorance. Quelle dérision ! quelle folie !

Ce qu’ils disent encore de cette semence, qu’étant dans le sein de Demiurgos elle s’y formula, y prit une figure et y devint propre à revêtir l’intelligence et la raison, ne peut pas soutenir davantage la discussion. En effet, dans cette hypothèse, il faudra que cette semence divine se réunisse à la matière, à