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combien est vain et chimérique l’ensemble de tout leur système. Car il n’est pas besoin, comme dit le proverbe, de boire toute l’eau de la mer, pour savoir qu’elle est salée. Si quelqu’un a fait une statue avec de la terre, et qu’il l’ait recouverte d’un peu d’or, dans l’intention de la faire passer pour une statue d’or massif, il ne sera pas nécessaire, pour découvrir le stratagème, de la briser tout entière ; mais il suffira d’enlever en quelque partie l’or qui recouvre la terre dont elle est pétrie. Ainsi avons-nous fait nous-mêmes, en mettant à jour les contradictions et les absurdités les plus saillantes des systèmes des hérétiques, et en démasquant leur méchanceté, leur ruse et leur fraude, ensorte que, s’il en est encore qui se laissent tromper par eux, c’est qu’ils le voudront bien : il nous a suffi pour cela de relever toutes leurs opinions chimériques et ridicules sur la nature de Dieu, créateur de l’univers.

Et, en effet, et pour résumer ce que nous avons dit à ce sujet, à qui feront-ils croire que le Dieu créateur de l’univers et Dieu le père, puissent être deux dieux différents ; que le Monogène est autre que le Verbe de Dieu, et que ce dernier serait provenu de quelqu’imperfection d’en haut ; que ceux-ci seraient autres que le Christ, né postérieurement avec le Saint-Esprit de l’effort réuni des Æons ; et qu’enfin tous ces dieux ne doivent point être confondus avec le Sauveur, provenu, non point du Père céleste, mais des Æons déchus, et pour réparer cette déchéance ? Ensorte que, d’après ce système, s’il n’y avait pas eu des Æons déchus et retombés dans l’ignorance, ni le Christ, ni le Saint-Esprit, ni Horos, ni Soter, ni les anges, ni la mère Achamoth, ni la semence divine, ni enfin tout ce qui constitue, selon eux, l’animal de la création, n’aurait pu exister. Tout serait demeuré dans la solitude et le chaos. Ainsi, toutes leurs assertions relativement à la création du monde, à celle du Christ, du Saint-Esprit et du Sauveur, qu’ils attribuent au péché, sont autant d’impiétés et de blasphèmes. Cette doctrine, malgré leurs efforts pour la recouvrir d’énigmes, de paraboles et de mots pompeux, n’en est pas moins impie et détestable.