Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/258

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tions, une doctrine impie, qui consiste à dire qu’il n’y a péché que là où il y a un acte commis, et que l’intention n’est pas nécessaire : il suffit de citer les enseignements de notre Seigneur pour réfuter cette impiété. L’Évangile traite d’adultère non-seulement celui qui commet l’adultère, mais encore celui qui désire le commettre ; il condamne à la mort éternelle non-seulement celui qui tue, mais encore celui qui se met en colère sans motif contre son frère. Le Seigneur n’a-t-il pas enseigné aussi qu’il ne suffisait pas de ne pas haïr le prochain, mais qu’il fallait encore aimer ses ennemis ? Il a défendu non-seulement de se parjurer, mais encore de proférer aucun jurement ; non-seulement de parler mal du prochain, mais encore d’appeler son frère racha ou fou. N’est-ce pas lui qui a dit, non-seulement qu’il ne fallait pas frapper son frère, mais qui ordonne, si l’on est frappé, de présenter l’autre joue à ceux qui nous frappent ; qui veut non-seulement qu’on s’abstienne de prendre le bien d’autrui, mais que, si on nous prend notre bien, nous ne cherchions point à le reprendre ; non-seulement, qu’on ne fasse pas de mal à son prochain, qu’on ne lui occasionne aucune blessure, mais encore que l’on pardonne à ceux qui nous font du mal, que l’on soit charitable envers eux, et que l’on prie pour eux afin qu’ils obtiennent leur salut en faisant pénitence ; enfin, qui nous défend d’imiter en quoi que ce soit ceux qui se livrent à l’infamie, à la débauche et à la vanité ? Lors donc que celui que les hérétiques reconnaissent pour leur maître, lui attribuant un génie bien plus élevé et bien plus grand que celui des simples mortels, a recommandé la pratique et le zèle pour certaines choses bonnes et excellentes, et la fuite des mauvaises, non-seulement pour l’acte, mais même pour la pensée, parce que les mauvaises pensées conduisent aux mauvaises actions ; comment, lorsqu’ils reconnaissent ces vérités, pourrait-on sans indignation les entendre prêcher ensuite une doctrine opposée aux enseignements du Christ, qu’ils proclament pour être plus vertueux et plus grand que tous ? Et s’il était vrai que rien ne fût ni bon ni mauvais en soi, et que la justice et l’injustice dépendissent uniquement des opinions des hommes, le Seigneur aurait-il dit, dans