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qui existe ; ce qui réduit le dualisme en panthéisme. Là, en Syrie, le dualisme, d’accord avec le parsisme, admet au contraire un second principe intellectuel, très-actif dans son empire des ténèbres, et très-audacieux contre l’empire des lumières.

Quant à l’origine du monde intellectuel et du monde inférieur, toutes les écoles gnostiques sont d’accord sur les deux principes de l’émanation et de la création par le Demiurgos. Le monde intellectuel est le déploiement des facultés de l’Être suprême, du Père inconnu ; le monde inférieur, au contraire, est loin d’être l’ouvrage de Dieu, il est celui d’une puissance inférieure. Mais quant à la nature de cette puissance, et au mode de ses créations, les écoles de Syrie et d’Égypte se partagèrent suivant l’influence du parsisme sur l’une, et du platonisme sur l’autre. L’école d’Égypte se rattache d’un côté aux idées de Philon sur la création du monde par les anges et les ministres de Dieu, ayant à leur tête un chef qui gouverne tout ; et d’un autre côté aux idées de l’âme du monde, telle que l’enseignaient les Platoniciens, c’est-à-dire créant et agissant dans le monde visible comme agent de l’intelligence suprême, tâchant d’y réaliser les idées que lui communique cette intelligence et qui surpassent ses conceptions.

Dans l’école d’Égypte le Demiurgos était un être moins parfait que Dieu, mais il n’était pas un mauvais génie. Dans l’école de Syrie le Demiurgos était l’ennemi de Dieu.

Des directions aussi divergentes sur les principes constitutifs de la théorie ont dû en faire naître d’analogues