« Et maintenant je sais que vous ne verrez plus mon visage, vous tous chez qui j’ai passé, prêchant le royaume de Dieu. C’est pourquoi je vous déclare aujourd’hui que je suis innocent du sang de vous tous ; car je n’ai point manqué de vous annoncer tous les conseils de Dieu. Soyez attentifs sur vous-mêmes et sur tout le troupeau, dont le Saint-Esprit vous a établi évêques, afin de gouverner l’Église de Dieu, qu’il a acquise par son sang. » Ensuite, prévoyant qu’il surviendrait de faux docteurs qui susciteraient des hérésies, il dit : « Je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups ravissants qui n’épargneront point le troupeau, et que du milieu de vous il s’élèvera des hommes qui prêcheront une doctrine perverse, afin d’attirer des disciples après eux. Or, vous savez que je vous ai constamment annoncé toutes les vérités que Dieu m’a enseignées. » C’est donc ainsi que les apôtres nous ont transmis avec sincérité et avec candeur toutes les vérités que notre Seigneur leur avait apprises. Et c’est de la même manière et avec la même sincérité que saint Luc nous a donné son récit évangélique, ainsi qu’il le déclare lui-même par ces paroles : « Ainsi que nous ont rapporté ces choses ceux qui, dès le commencement, les ont eux-mêmes vues et qui ont été les ministres de la parole. »
Mais si l’on récuse le témoignage de saint Luc, en disant qu’il n’a pas connu la vérité, alors il faut, même quand on se prétendrait son disciple, rejeter son évangile tout entier. Car cet évangile de saint Luc est surtout remarquable par des circonstances importantes et utiles, que lui seul nous fait connaître ; de ce nombre, sont la généalogie de saint Jean-Baptiste, l’histoire de Zacharie, l’arrivée de l’ange Gabriel auprès de Marie, le cantique d’action de grâces d’Élisabeth, l’avertissement donné aux bergers par les anges, les paroles d’Anne et de Siméon, au sujet du Christ, et de son séjour à Jérusalem, durant douze années, le baptême de Jean, l’âge du Christ, lorsqu’il fut baptisé dans les eaux du Jourdain, et que cela se passait vers la quinzième année du règne de Tibère. Et encore, ce n’est que dans saint Luc que