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quiconque confesserait son nom devant les hommes, et qu’il désavouerait également devant son Père, tous ceux qui le renonceraient devant les hommes, et qu’il rougirait de ceux qui rougissent de lui. Devant cette vérité des Écritures, croirait-on que des hérétiques aient eu l’audace de blâmer le martyre et de tourner en dérision ceux qui donnent leur vie pour confesser la foi du Christ ; qui supportent toutes les souffrances que le Seigneur leur a annoncées, et qui s’efforcent de l’imiter jusque dans sa passion en se dévouant à la mort : leur gloire les venge assez de leurs détracteurs. Car, tandis que le ciel les récompensera de leur sang versé et leur donnera la couronne de l’immortalité, le Christ répudiera tous ceux qui auront cherché à ternir la gloire de leur martyre.

Le Christ, étant étendu sur la croix, a dit : « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Dans ces paroles éclatent sa longanimité, sa patience, sa miséricorde et sa bonté, puisqu’il implore le pardon de ceux qui le font souffrir. C’est ainsi qu’il accomplit lui-même, dans son amour pour l’humanité, le précepte qu’il nous a donné, en disant : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. » Que l’on compare, si l’on veut, le Christ des gnostiques et le Jésus des Chrétiens, et l’on verra de quel côté est la bonté et la patience, ou de celui qui pardonne et prie pour ceux qui l’ont frappé, qui l’ont couvert de plaies et qui l’ont crucifié, ou de celui qui ne fait que paraître et disparaître sur la terre, sans avoir souffert aucune injure ni aucun opprobre.

Ceci vient encore en réponse à ceux qui prétendent que les souffrances du Christ n’ont pas été réelles. Car, si le Christ n’avait pas souffert réellement, comment pourrait-il mériter notre reconnaissance ? Et ne serait-il pas pour nous un véritable imposteur, en nous engageant à souffrir à son exemple et à aller au devant des tourments, lorsqu’il ne nous aurait pas donné cet exemple et qu’il n’aurait pas réellement souffert ? Il aurait trompé ses disciples en se faisant passer à leurs yeux pour ce qu’il n’était point, et il aurait trompé en même temps