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porta la malédiction de Dieu, mais contre la terre et ce qu’elle produit ; ce qui revient à ce mot d’un ancien, que cette malédiction a été reportée contre la terre, afin qu’elle ne pesât pas éternellement sur l’homme. La conséquence de la faute de nos premiers parents a été d’assujétir l’homme au chagrin et à un travail pénible, de manger son pain à la sueur de son front, et de voir son corps rendu à la terre dont il a été formé ; pour la femme, également le chagrin et le travail, les douleurs de l’enfantement et l’assujétissement à la volonté de l’homme ; la malédiction de Dieu contre le premier homme et la première femme n’a donc pas eu pour objet de causer leur perte sans retour, et leur a laissé l’espoir de pouvoir rentrer en grâce par le repentir. Mais la malédiction a frappé principalement sur le serpent qui avait tenté la femme. Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et toutes les bêtes de la terre. » Le Seigneur prononcera dans l’Évangile une malédiction pareille contre les méchants, qui seront placés à sa gauche : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges. » Il dit clairement par là que le feu éternel n’a pas été seulement préparé pour l’homme coupable, mais encore pour le démon tentateur de l’homme, qui l’a fait tomber dans le crime, contre le démon, le prince de l’apostasie et de la révolte, et pour ses anges qui se sont révoltés avec lui contre Dieu : châtiment qui est destiné également et à juste titre aux hommes qui ne font point pénitence, ne se repentent pas de leurs fautes et persévèrent dans leur iniquité.

C’est ainsi que Caïn ajouta péché sur péché en ne voulant pas écouter l’avertissement que Dieu lui donna de n’être pas jaloux de ce qu’il n’avait pas accueilli son offrande comme celle d’Abel, et en joignant à cette pensée de jalousie celle de la préméditation du meurtre de son frère, qu’il exécuta ensuite. Par ce premier crime, le méchant triompha du juste ; et dès lors commença cette loi qui fait que le juste se manifeste par ses souffrances, et que le méchant se décèle par ses œuvres perverses. Mais son crime n’est pas encore assez