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vos yeux vers le ciel, ramenez-les ensuite sur la terre : les cieux se dissiperont comme la fumée ; la terre sera détruite comme un vêtement, ses habitants périront avec elle. Le salut que j’ai promis est éternel, et une justice subsiste à jamais. »


CHAPITRE IV.


Réponse à une autre objection : l’auteur démontre que, lors même que la ruine et la destruction de Jérusalem qui est la cité du grand Roi aurait lieu, la suprême majesté et la toute-puissance de Dieu n’en recevraient aucune atteinte, puisque cela ne saurait avoir lieu que par un effet de la volonté de Dieu même.


Pour ce qui est de Jérusalem, les gnostiques portent encore la témérité jusqu’à objecter ce qui suit : S’il est vrai, disent-ils, que Jérusalem soit la cité du Roi suprême, elle ne doit jamais périr ni être abandonnée. Or, ils raisonnent absolument comme celui qui dirait que la tige du blé étant nécessaire pour faire mûrir le blé, cette paille ne devrait jamais être séparée du froment ; ou bien que le sarment de la vigne ayant été réuni par Dieu à la vigne, on ne devrait jamais couper le raisin, de peur de l’en séparer. En effet, ces objets n’ont pas été créés pour eux-mêmes, mais pour faire arriver à maturité le fruit qu’ils soutiennent ; quand le fruit est mûr, la paille et le sarment deviennent inutiles ; on les coupe, et on les enlève du champ. Ainsi en sera-t-il de Jérusalem, qui (dans les temps où la mort du péché régnait sur l’humanité) avait supporté le joug de la servitude ; mais le fruit de la liberté ayant mûri, et ayant été apporté dans l’aire pour être séparé de la paille, et Jérusalem d’ailleurs ayant préparé elle-même un nouveau champ pour une nouvelle moisson, son existence n’était plus nécessaire.

Voici ce que dit Isaïe : « Et le jour s’avance où Jacob jettera de profondes racines ; Israël germera, il fleurira, et couvrira de ses fruits la face de la terre. » Le fruit qu’a porté