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du sabbat, auprès de la piscine de Siloé ; c’est pour cela qu’un grand nombre de malades venaient vers lui ce jour-là. Ce que la loi défendait, c’étaient les œuvres intéressées qui ont pour objet un intérêt tout matériel ; elle invitait, au contraire, de se livrer aux actes qui sont purement intellectuels, qui s’opèrent par la parole et le conseil, et qui ont pour objet le soulagement du prochain. C’est dans ce sens que notre Seigneur réprimandait ceux qui, par un esprit d’hypocrisie, se montraient scandalisés des guérisons qu’il faisait le jour du sabbat. Loin de violer la loi, il l’accomplissait au contraire, faisant, comme le grand-prêtre, des œuvres d’expiation, rendant Dieu propice aux hommes, guérissant les lépreux et les infirmes, et enfin se dévouant lui-même à la mort pour racheter l’homme, le ramener de l’exil et le faire rentrer dans son héritage.

La loi ne défendait pas non plus de prendre, le jour du sabbat, pour sa nourriture, des choses que l’on trouvait devant soi : mais ce qu’elle défendait, c’était de moissonner et de rentrer la moisson dans le grenier. Aussi, le Seigneur entendant quelques-uns qui blâmaient ses disciples de ce qu’ils cueillaient le jour du sabbat quelques épis pour en manger le blé, leur dit : « N’avez-vous pas lu ce que David fit quand il eut faim, lui et tous ceux qui étaient avec lui ? Et comment il entra en la maison de Dieu, et prit le pain de proposition et en mangea, et donna à ceux qui étaient avec lui des pains qu’il n’est permis de manger qu’aux prêtres seulement. » C’est ainsi qu’en défendant ses disciples, il explique la loi qui laisse à ceux qui sont revêtus du sacerdoce une certaine liberté d’agir. Car, aux yeux de Dieu, David était encore investi du sacerdoce, quoiqu’il fût persécuté par Saül.

En effet, tous les justes participent à l’exercice du divin sacerdoce. Tous les apôtres de notre Seigneur en sont naturellement revêtus, eux qui n’ont ni champ, ni héritage, mais qui sont entièrement consacrés au service de l’autel ; c’est d’eux dont Moïse a voulu parler, quand il dit dans le Deutéronome : « Qui dit à son père et à sa mère, je ne vous connais pas ; qui mécon-