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N’a-t-il pas déjà auparavant déclaré qu’il faut croire, non-seulement au Père, mais au Fils, parce que c’est lui qui met l’homme en rapport avec Dieu et qui le conduit à lui. Ensuite il enseigne que les paroles ne suffisent pas, qu’il faut encore les actes ; car les pharisiens se contentaient de parler, mais leurs actions étaient loin de répondre à leurs paroles ; et qu’il faut non-seulement s’abstenir de commettre de mauvaises actions, mais encore de les désirer. Or, de pareils enseignements, loin d’être contraires à l’ancienne loi, ne font que la fortifier et la compléter, et la gravent plus profondément dans les esprits. Il eût agi contrairement à l’ancienne loi, si, tout ce qu’elle défendait de faire, il l’eût recommandé à ses disciples ; mais en prescrivant ce qu’elle prescrivait, en défendant les actions qu’elle défendait, et jusqu’au désir même de ces actions, certes, ce n’était pas là agir contre la loi, c’était au contraire l’accomplir, la perfectionner, l’étendre.

La loi ancienne, faite pour un temps d’esclavage, se contentait de parler à l’âme et de l’instruire au moyen d’images corporelles, l’entraînant comme par force à l’exécution de ce qui était prescrit, afin qu’elle apprit comment il fallait servir Dieu ; mais le Verbe étant venu et ayant opéré la délivrance de l’âme ; celle-ci a communiqué au corps une partie de sa nouvelle pureté. Dans ce nouvel état, il a fallu que les chaînes même de l’esclavage, auquel l’homme s’était accoutumé, fussent brisées et qu’il allât vers Dieu, libre de toute entrave. Il fallut donner à la liberté la plus grande extension, et rendre d’autant plus grande la soumission volontaire envers Dieu, de peur que l’homme ne vînt à retourner à son ancien état, et ne se montrât indigne des bontés de son libérateur ; il devait désormais avoir pour Dieu l’amour et l’obéissance d’un enfant envers son père ; si cet amour et cette confiance sont les mêmes de la part des enfants et des serviteurs, toutefois ils doivent être à un plus haut degré dans le cœur des enfants, parce que l’état libre est toujours plus noble et plus grand que l’état d’obéissance passive.

Aussi nous voyons qu’à l’ancien précepte, tu ne commettras