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Moïse et qui convenait à leurs mœurs endurcies. Mais qu’avons nous besoin de chercher dans l’ancien Testament la preuve de ce que nous soutenons ici ; nous trouverons dans le nouveau les mêmes principes et la même distinction, proclamée par les apôtres. Nous lisons dans saint Paul : « Quant aux autres, ce n’est pas le Seigneur, mais c’est moi qui leur dis ; » et encore ailleurs : « Au reste, ce que je vous dis, c’est par condescendance et non pas commandement. » Et encore plus loin : « Quant aux vierges, je n’ai point reçu de commandement du Seigneur ; mais voici le conseil que je donne, comme ayant reçu du Seigneur la grâce d’être son fidèle ministre. » Il dit encore dans le même chapitre : « Ne vous refusez point l’un à l’autre, de peur que votre incontinence ne donne lieu à Satan de vous tenter. » Or, puisque nous voyons que les apôtres, sous la loi du nouveau Testament, ont cru pouvoir, dans certains cas, faire à la faiblesse humaine quelques concessions, plutôt que d’exposer quelques âmes à s’éloigner entièrement de Dieu, nous ne devons point nous étonner que de pareilles choses aient pu se passer sous l’ancienne loi, et que Dieu ait pu ordonner, dans certains cas, quelques dérogations au Décalogue, lorsque cela était nécessaire pour empêcher quelques-uns de se livrer à l’idolâtrie et à s’éloigner de Dieu, et pour les ramener à son obéissance et à son amour. Que si, à raison du grand nombre des Israélites qui, malgré la loi, ont suivi la voie de la désobéissance et de l’erreur, on accusait la loi d’imperfection et de faiblesse, nous leur répondrions, par les paroles du Christ, qu’il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus ; qu’un grand nombre se couvrent de la peau des brebis pour s’introduire dans la bergerie et y exercer leurs ravages ; qu’en cela Dieu, dans l’exercice de sa puissance en ce qui concerne l’homme, s’est montré conséquent avec lui-même, en voulant que ceux qui n’obéissent pas à sa loi soient jugés d’après leur désobéissance même, et que ceux qui ont eu foi et qui lui ont été fidèles en reçoivent la récompense par le don de la vie éternelle.