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Verbe, par lequel il a créé toutes choses. Or, celui qui est son Verbe, c’est notre Seigneur Jésus-Christ, qui s’est fait homme lorsque les temps ont été accomplis, afin de coordonner la fin au commencement, c’est-à-dire d’unir l’homme à Dieu. C’est pourquoi les prophètes, qui avaient de ce même Verbe l’inspiration prophétique, ont annoncé son arrivée dans le monde selon la chair, laquelle devait être le signal de l’alliance et de l’union entre Dieu et le genre humain, selon qu’il était arrêté dans les décrets de Dieu. Ils ont donc prédit, dès les temps les plus anciens, qu’un Dieu serait vu sur la terre, qu’il converserait avec les hommes et demeurerait avec eux, qu’il viendrait pour sauver sa créature, en se montrant à elle, et pour délivrer le genre humain de la captivité où le tenaient ses ennemis, c’est-à-dire de l’esprit du mal. En nous faisant marcher dans la voie de la justice et de la vérité, durant notre vie mortelle, il nous rendrait dignes, par notre attachement à l’esprit de Dieu, de prendre part à la gloire de son Père.

Voilà ce que les prophètes annonçaient, en termes prophétiques ; mais ils n’annonçaient point, comme quelques-uns le prétendent, que ce Dieu, dont ils avaient la vision, était un Dieu différent du Père, qui serait resté invisible pour eux. Pour tenir un pareil langage, il ne faut pas savoir même ce que c’est qu’une prophétie. Qu’est-ce qu’une prophétie, si ce n’est la prédiction de l’avenir, c’est-à-dire la désignation faite à l’avance des choses futures ? Les prophètes annonçaient donc à l’avance que Dieu serait, un jour à venir, vu par les hommes de la même manière et dans le même sens que notre Seigneur a dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu. » Mais cela ne s’entend pas dans le sens de la gloire infinie de Dieu et de sa grandeur ineffable ; parce que Dieu ne peut être vu de cette manière par l’homme, suivant cet avertissement de l’Écriture, où il est dit : « L’homme ne peut voir Dieu sans mourir. » Cependant, en raison de son amour pour nous et de son humanité, et parce que tout lui est possible, Dieu accordera à ceux qui l’aiment le bonheur de le voir ; et c’est dans ce sens que parlaient les prophètes. Jésus-Christ d’ailleurs n’a-t-il pas