Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/503

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
447
SAINT IRÉNÉE.

placer dans un autre ordre de choses, et lui conférer cet esprit de régénération, qui a été donné au monde en signe de salut, par l’incarnation opérée dans le sein de la Vierge ? Et d’ailleurs, comment pourrions-nous nous élever jusqu’à être des fils d’adoption de Dieu, si nous restions toujours renfermés dans le Cercle de l’humanité. Comment se pouvait-il que celui qui, sous le rapport humain, était formé de la même substance que Salomon, que Jonas, que David, fût cependant plus grand que Salomon et que Jonas, et fût le Seigneur de David ? Comment encore concevoir que celui qui a vaincu celui qui était non-seulement le vainqueur de l’homme, mais qui le détenait encore dans la servitude, et qui, après avoir vaincu l’ennemi de l’homme, rend la liberté à ce dernier ; comment concevoir, dis-je, que ce vainqueur de l’ennemi de l’homme ne soft pas d’une nature supérieure à l’homme ? Cependant l’homme a été fait à l’image de Dieu ; qui serait donc d’une nature plus élevée que l’homme, si ce n’était le fils de Dieu, dont l’homme est l’image ? Aussi lorsque Dieu est venu sur la terre, a-t-il revêtu cette même image ; le fils de Dieu, en se faisant homme, a pris la forme donnée à l’homme lors de sa création : nous avons démontré ce point dans le livre précédent.

Le disciple de vérité condamnera aussi les doctrines de ceux qui font du Christ un être de raison. Mais si celui qu’ils disent leur maître n’est pas un être réel, comment ses disciples sont-ils assurés que leurs paroles sont en réalité des paroles ? Ou bien encore, si celui qui est leur maître n’est qu’un être fabuleux, s’il n’est pas la vérité, comment pourraient-ils tenir quelque doctrine pour réelle et certaine ? Comment leur donnera-t-il un salut en réalité, si lui-même n’a rien de réel ? Ainsi, dans les opinons de ces docteurs on ne trouve que chimères et nulle vérité. Et ne serait-on pas autorisé par leurs propres doctrines à douter s’ils sont eux-mêmes des hommes réels, ou s’ils ne sont pas plutôt des apparences d’hommes, et en réalité des animaux muets.

Il condamne encore les faux prophètes qui, n’ayant pas reçu