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se résoudre d’admettre la résurrection des corps. « Lorsque, dit-il, le contenu du calice et les fragments du pain reçoivent la parole de Dieu, ils deviennent l’Eucharistie du corps et du sang de Jésus-Christ, qui nourrit et qui engraisse la substance de notre chair. Comment donc peuvent-ils prétendre que cette chair ne soit pas capable de la vie éternelle, quand elle se nourrit du corps et du sang de Jésus-Christ, et devient un de ses membres ? »

Au sujet de la tradition non écrite, cette source tant contestée de la doctrine, des observances et du pouvoir de Rome, le témoignage de ce saint mérite à plusieurs titres de fixer notre attention ; car non seulement il soutient dans tous ses écrits la puissante autorité de la tradition, mais il forme lui-même un des premiers et des plus brillants anneaux de cette chaîne de transmission orale, que l’Église a reçue de l’âge apostolique. Parlant de son maître Polycarpe, qui avait été disciple de saint Jean l’évangéliste, il s’exprime ainsi : « Polycarpe a toujours enseigné ces dogmes qu’il avait reçus des apôtres et communiqués à l’Église, et qui seuls sont vrais. » Dans un autre fragment de ses écrits, il se rencontre un passage des plus touchants et des plus intéressants, dont le sens revient au même. C’est à un hérétique nommé Florin, qui avait embrassé les erreurs des valentiniens, qu’il adresse ces mots : « Les prêtres qui nous ont précédés et qui ont conversé avec les apôtres ne nous ont jamais enseigné une pareille doctrine ; car je vous ai vu dans ma jeunesse en Asie auprès de Polycarpe… Je me souviens mieux de ce qui s’est passé dans ces temps que de ce qui s’est passé récemment ; car ces choses que nous apprenons dans notre enfance s’unissent à l’âme, et croissent avec elle. Ainsi je vais indiquer le lieu où le bienheureux martyr avait coutume de s’asseoir pour faire ses instructions ; ses sorties et ses entrées, sa manière de vivre et la forme de sa personne ; les discours qu’il tenait au peuple, et la manière dont il racontait ses entretiens avec saint Jean et d’autres qui avaient vu le Seigneur, et ce qu’il leur avait entendu dire touchant les miracles et la doctrine du Seigneur ;