Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
478
SAINT IRÉNÉE.

la nature des choses, puisqu’il aurait cru pouvoir communiquer son immortalité à des êtres qui n’auraient pas été capables d’en être doués. Mais, nous dit-on, le Créateur aurait dû former les anges de telle sorte qu’ils auraient été dans l’impossibilité de désobéir à ses volontés, et rendre l’homme incapable de se rendre coupable d’ingratitude envers Dieu, ainsi qu’il l’a été. Pourquoi faire l’homme doué de raison, de pensée et de jugement, et ne pas lui donner, comme aux animaux, une nature invariable qui obéit à des lois constantes, qui par conséquent ne juge ni n’examine, et qui ne peut être que ce qu’il lui a été ordonné d’être ? C’est ainsi, en effet, que sont les animaux, dénués d’âme et d’esprit, n’ayant aucune volonté réfléchie, qui suivent toujours la même ligne sans en dévier jamais, et sont poussés à tout ce qu’ils font par une force qui leur est inconnue. Qu’est-ce à dire ? Ceux qui élèvent de semblables difficultés sont donc des gens qui ont en horreur ce qui est bien, et qui regrettent que Dieu ait bien voulu entrer en communication avec l’homme, et qui eussent préféré un bonheur qui n’eût coûté ni soins, ni vigilance, ni mouvement, et qui fût venu comme de lui-même. Mais dans ce cas, qu’eût été leur existence ? un mouvement d’une force aveugle, privée de sentiment, de pensée et de fatuité de choisir ? mais alors, ils n’auraient pu avoir aucune jouissance, ne pouvant discerner ce qui beau et ce qui est bon. Peut-on admettre la jouissance d’un bien quelconque, chez ceux qui ignorent ce bien même ? La gloire ne suppose-t-elle pas qu’on a fait quelque chose pour la mériter ? Et peut-il y avoir de victoire Sans combat ?

Voilà pourquoi notre Seigneur nous enseigne qu’il faut entrer par violence dans le royaume des cieux : « Le royaume des cieux souffre violence, et les violents seuls le ravissent, c’est-à-dire qu’il est le prix du combat, du courage et de la vigilance. » C’est dans ce sens que Saint Paul en parle dans l’épître aux Corinthiens, quand il dit : « Ne savez-vous pas que quand on court dans la lice, tous courent, mais un seul remporte le prix. Courez donc de telle sorte que vous le remportiez. Tous les athlètes vivent dans une grande continence :