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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/563

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SAINT IRÉNÉE.

jetés dans une fournaise ardente, chauffée sept fois autant qu’on avait coutume de la chauffer, sans que le feu fît aucun mal à leur corps, qui n’exhalaient même aucune odeur de brûlure. Il est donc évident que ces hommes furent préservés par la toute puissance de Dieu, qui agissait sur leurs corps par des lois particulières et différentes de celles qui régissent les corps dans ce monde : dès lors cette même toute puissance n’a-t-elle pas pu suspendre également les lois ordinaires, en faveur de ceux qui ont été enlevés au ciel ? Mais qui opérait ces merveilles, si ce n’est l’esprit de Dieu, qui faisait dire au roi Nabuchodonosor : « N’avons-nous pas jeté ces trois hommes au milieu du feu, les pieds chargés de chaînes ? Et voilà que je vois quatre hommes libres et marchant au milieu du feu, et la figure du quatrième est celle d’un enfant de Dieu. » Et en effet, peut-il y avoir, parmi les êtres créés, quelque chose qui soit plus fort que la volonté de Dieu ? Or, Dieu ne pourrait pas triompher de la faiblesse de la chair, s’il ne pouvait la vivifier ; car Dieu ne saurait être subordonné aux choses créées : ce sont au contraire les choses créées qui sont subordonnées à Dieu et tout obéit à sa volonté.

Aussi notre Seigneur a-t-il dit : « Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. » Et quoique les hommes qui vivent aujourd’hui, parce qu’ils ne connaissent pas les desseins de Dieu, regardent comme incroyable et impossible ce que l’on raconte de la longévité des patriarches, cela n’empêche pas que ces premiers hommes n’aient joui en effet de cette longue vie, et qu’ils n’en jouissent encore dans le paradis terrestre, qui est pour eux un avant-goût de l’éternité. De même, Dieu en a conservé d’autres dans le ventre d’une baleine, et au milieu des flammes d’un foyer ardent, et les a retirés sains et saufs pour montrer sa toute-puissance : il en est de même aujourd’hui quand ceux qui ignorent la puissance de Dieu et les promesses qu’il a faites, veulent conclure de leur ignorance l’impossibilité qu’il y aurait pour Dieu de ressusciter les corps après leur mort et de leur donner la vie pendant l’éternité ; mais heureusement leur incrédulité ne saurait ébranler notre confiance en Dieu.