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SAINT IRÉNÉE.

« Car, dit-il encore, ce que vous semez ne prend point vie, s’il ne meurt auparavant. »

Pourquoi cette comparaison du grain de froment, que l’on sème et qui se dissout dans la terre, si ce n’est pour nous donner une image juste des corps humains, qui sont déposés dans la terre comme la semence du froment ; c’est ce qui fait dire à l’apôtre : « Il est semé dans l’ignominie, et il ressuscitera dans la gloire. » Et, en effet, qu’y a-t-il de plus misérable que le corps, quand il est privé de vie ? Mais aussi, quand il ressuscite et qu’il entre dans l’immortalité, y a-t-il rien de plus glorieux ? « Il est semé dans la faiblesse, et il ressuscitera dans la force ; » dans la faiblesse, parce qu’étant dans la terre, il s’assimile à la terre ; dans la force, c’est-à-dire la puissance de Dieu, qui le tire du tombeau. « Il est semé corps animal, et il ressuscitera corps spirituel. » L’apôtre, par ces mots, nous fait bien voir que ce qu’il vient de dire n’est relatif ni à l’âme ni à l’esprit, mais aux corps qui ont subi la mort ; car ce sont bien là des corps animaux, suivant son expression, c’est-à-dire qu’une âme a animés, et qui périssent aussitôt qu’ils sont privés de sa présence. Ensuite, ressuscitant par l’esprit, ils deviennent des corps spirituels, afin qu’étant éternellement animés par l’esprit, ils ne cessent plus d’être ; « car ce que nous avons maintenant de science et de prophéties, dit saint Paul, est très-imparfait ; mais alors nous verrons Dieu face à face. » Saint Pierre dit aussi à ce sujet : « Lui que vous aimez, quoique vous ne l’ayez pas vu, et en qui vous croyez, quoique vous ne le voyiez point encore ; et c’est parce que vous croyez, que vous serez comblés d’une joie ineffable et glorieuse ; » car notre face verra la face du Dieu vivant, et nous éprouverons un bonheur ineffable de la vue de notre propre bonheur.