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SAINT IRÉNÉE.


CHAPITRE XVI.


Puisque nos corps retournent naturellement à la terre après la mort, n’est-ce pas une preuve qu’ils en ont été tirés ? L’homme doit au mérite de la rédemption du Christ d’être redevenu la ressemblance de Dieu même.


Notre opinion est que le premier homme a été formé du limon même de cette terre que nous foulons sous nos pieds ; ce que confirme l’Écriture, lorsqu’elle nous apprend que Dieu dit à Adam : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre d’où tu as été tiré. » Si les corps retournent, après la mort, dans le sein d’une autre terre que celle qui est sous nos pieds, il sera juste de conclure qu’ils ont été tirés de cette autre terre ; mais comme c’est dans le sein de cette terre, sur laquelle nous vivons, que rentrent les corps, concluons que c’est avec le limon de cette terre que nous avons été formés. C’est d’ailleurs ce que Jésus-Christ nous a enseigné dans la guérison miraculeuse de l’aveugle de naissance, en lui formant des yeux avec le limon de notre terre : il nous a encore fait connaître, dans ce miracle, la main de Dieu qui a créé l’homme, ainsi que sa voix qui, depuis le commencement des temps jusqu’à la fin, appelle sa créature ; en même temps qu’il nous a fait voir dans l’Évangile de quel limon nous avons été formés. Nous ne devons pas chercher à porter notre culte à un autre Dieu que celui que le Christ nous a enseigné, ni nous supposer une autre origine que celle qu’il nous a démontrée : c’est donc là cette main qui nous a créés, qui nous a rendus aptes à la vie, qui nous aide dans nos besoins et qui nous fait à son image et à sa ressemblance.

C’est-là ce qui nous a été confirmé par l’incarnation du verbe de Dieu, dans laquelle il s’est fait homme, se faisant semblable à l’homme et faisant l’homme semblable à lui-même, afin que,