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SAINT IRÉNÉE.

d’une certaine ostentation de fureur et de vengeance, comme si celui qui la ressent prétendait demander raison des mauvais traitements qu’il aurait reçus ; il a d’ailleurs quelque chose d’antique, de royal, et qui marque la puissance. Toutefois, malgré les raisons qui pourraient nous faire pencher pour le choix de ce nom, cependant il n’est pas probable, d’après une foule d’autorités, que l’antechrist se fasse appeler Titan, lorsqu’il apparaîtra.

Quant à nous, nous croyons qu’il est plus prudent de ne rien affirmer à cet égard, convaincus que nous sommes d’ailleurs que, s’il était nécessaire que son nom fût dès aujourd’hui connu, il aurait été proclamé par celui-là même qui avait vu l’Apocalypse, et qui a décrit le temps où il vivrait ; l’époque où il vivait ne remonte pas fort loin ; car il s’en faut de peu qu’il ne fût de notre siècle, puisqu’il vivait vers la fin du règne de Domitien.

Ainsi saint Jean nous a révélé le nombre du nom de la bête, afin que, le sachant, nous nous tenions sur nos gardes au sujet de sa venue ; mais il n’a pas dit son nom, parce que ce nom n’est pas digne d’être proclamé par l’Esprit saint. D’ailleurs, si le nom de la bête eût été proclamé, peut-être cela eût-il pu prolonger le temps de sa durée ; car, dit l’Écriture, « la bête que tu as vue était, et n’est plus ; elle s’élèvera de l’abîme et sera précipitée dans la perdition, et elle sera comme si elle n’eût jamais existé. » Voilà donc pourquoi son nom n’a pas été dit ; car ce qui s’en va au néant ne porte pas de nom. Après donc que l’antechrist aura désolé le monde pendant son règne de trois ans et demi, et qu’il aura placé son trône dans le temple de Jérusalem, alors viendra le Christ du haut des cieux, porté sur les nuées et environné de la gloire du Père ; il précipitera dans l’étang de feu l’antechrist avec tous ceux qui auront suivi sa bannière ; il ouvrira alors l’ère du règne éternel, du jour du repos, du septième jour, qui est celui de la sanctification, accomplissant ainsi la promesse de l’héritage faite à Abraham. C’est dans cet héritage que « plusieurs viendront, selon la parole de notre Seigneur, d’orient et d’occident, et