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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 3.djvu/641

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SAINT IRÉNÉE.

puis sa mort ; ainsi, en sera-t-il de nous et devrons-nous attendre dans les ténèbres le jour de la résurrection générale prédite par les prophètes, et delà être enlevés au séjour des cieux, si Dieu nous en juge dignes.


CHAPITRE XXXII.


Que les saints jouiront de la récompense de leurs travaux dans ce même corps avec lequel ils ont supporté toutes les tribulations de la vie ; outre que nous avons tous le pressentiment de cette destinée, elle a été formellement l’objet de la promesse faite par Dieu à Abraham et à sa postérité.


Les hérétiques, dans leurs discours et dans leurs écrits, se plaisent à altérer le sens naturel des autorités qu’ils invoquent ; cela vient de ce qu’ils ne connaissent pas les desseins de Dieu sur nous, et qu’ils ignorent les secrets du mystère de la résurrection des justes, ne sachant pas qu’à la fin des temps, ils doivent avoir avec le Christ l’empire de la terre[1], ce qui sera pour eux le commencement de l’immortalité et comme un premier essai de la jouissance de la vue de Dieu. Nous leur dirons donc, à ce sujet, qu’il faudra d’abord que les justes reçoivent aussitôt après la résurrection de leurs corps, et aussitôt qu’ils verront Dieu, et sur cette terre, la promesse de l’héritage qui fût faite autrefois à leurs pères ; et qu’ils aient alors, pendant quelque temps, l’empire du monde : le jugement dernier ne viendra qu’ensuite. Et, en effet, n’est-il pas juste qu’ils reçoivent le prix de leurs souffrances dans le même mode d’existence dans lequel ils avaient supporté avec courage toutes sortes de maux ? N’est-il pas juste qu’ils soient rendus à la vie dans la même condition d’existence où ils étaient, quand ils ont souf-

  1. Voir ce qui est dit dans l’Introduction : on sait que saint Irénée avait adopté l’erreur des millénaires, qui n’avait pas encore été condamnée par l’Église du temps où vivait ce saint.