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SAINT IRÉNÉE.

Et Papias disait encore : « Ces choses sont croyables pour ceux qui croient. Juda le traître n’y croyait pas et il questionnait le Seigneur, en disant : Comment Dieu ferait produire toutes ces choses à la terre ; et le Seigneur répondit : Ceux qui viendront alors le verront. » Le prophète Isaïe n’a-t-il pas prédit ce règne futur, lorsqu’il dit : « Sous son règne, le loup habitera avec l’agneau ; le léopard reposera auprès du chevreau ; la génisse, le lion, la brebis, se jouiront ensemble, et un petit enfant suffira pour les conduire. L’ours et le taureau prendront la même nourriture ; leurs petits dormiront ensemble ; le lion et le bœuf iront aux mêmes paturages. L’enfant à la mamelle se jouera avec l’aspic ; l’enfant nouvellement sevré portera la main dans la caverne du basilic ; ces animaux ne nuiront plus et ne tueront plus. » Dans un autre endroit, il revient sur cette prophétie : « Le loup et l’agneau se joueront ensemble ; le lion et le taureau iront aux mêmes paturages ; la poussière sera l’aliment du serpent : aucun de ces animaux, dit le Seigneur, ne nuira ni ne donnera la mort sur toute ma montagne sainte. » Je sais qu’on me dira que cette prophétie est relative à la conversion des gentils, qui doit se faire de diverses manières, et à leur réunion avec les justes, après leur conversion. Je suis de cet avis, en ce qui concerne la conversion des gentils ; mais cela n’empêche pas que la prophétie, surtout lorsqu’elle parle de tous les animaux qui seront devenus pacifiques et qui ne nuiront plus, ne s’applique aussi au règne futur des justes sur la terre : car le Seigneur est riche dans ses œuvres. Et il faut que lorsque le péché aura été effacé de la terre, les animaux reviennent à se nourrir d’herbages, comme ils le faisaient dans les premiers temps de la création, et quand ils étaient encore soumis à Adam. Ce n’est pas le lieu de démontrer que le lion se nourrissait alors de la paille du blé, ce qui prouverait combien les fruits de la terre étaient gros et magnifiques. Car, si la paille du blé présentait alors une nourriture suffisante au lion, quelle beauté ne devait pas avoir le blé dont elle avait été détachée !