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esprits soient des démons, les poètes le disent, les philosophes l’enseignent. Socrate surtout l’a reconnu, lui qui s’était mis aux ordres d’un démon familier, pour les suivre dans tout ce qu’il avait à faire ou à éviter. Les magiciens non-seulement connaissent les démons, mais ils font par eux tout ce qui joue le miracle. Sous leur inspiration et leur influence, ils opèrent certains prestiges, comme de faire voir ce qui n’est pas, ou d’empêcher de voir ce qui est. Hostanès, le premier des magicien par les œuvres et le langage, s’exprime sur le vrai Dieu avec la majesté qui lui convient, et reconnaît des anges qui sont ses ministres et ses envoyés ; il les montre près de son trône dans un si profond respect, qu’au moindre signe de sa tête, au moindre de ses regards, ils tremblent et frissonnent.

Le même magicien nous apprend qu’il existe des démons terrestres, errants çà et là, ennemis du genre humain. Platon, qui trouve si difficile de découvrir le vrai Dieu, reconnaît sans peine des démons et des anges ; dans son dialogue du Banquet, il cherche à définir leur nature : il veut qu’elle tienne le milieu entre les substances périssables et les natures immortelles ; c’est-à-dire entre le corps et l’esprit, qu’elle soit un mélange de terre et de vapeurs légères. « C’est d’elle, ajoute-t-il, qu’émane l’amour, qu’il se forme et se glisse dans les cœurs, soulève les sens, remue les passions, allume l’ardeur des désirs. »

Or, ces esprits impurs, c’est-à-dire les démons, ainsi que l’ont montré les magiciens, les philosophes et Platon lui-même, se tiennent cachés sous les statues et les idoles que vous consacres. Par leur inspiration, elles acquièrent pour ainsi dire l’autorité d’une divinité présente. Tantôt ils entrent dans vos devins ou habitent vos temples ; tantôt ils animent les entrailles des victimes, conduisent le vol des oiseaux, dirigent les diverses espèces de sorts et rendent des oracles enveloppés de mensonges. Car ils trompent et sont trompés, soit qu’ils ne voient pas clairement la vérité, ou que la voyant, ils n’osent la publier contre eux-mêmes. Du ciel, ils vous rabaissent vers la terre ; du vrai Dieu, ils vous détournent vers les choses ma-