sa majesté divine, toujours attentive aux besoins d’ici bas. Ainsi donc, nous ressuscitons pour le bonheur, et, dès cette vie, nous vivons heureux par la contemplation de cet avenir.
Que Socrate, ce bouffon d’Athènes, professe hautement ne rien savoir, et se glorifie d’avoir pour lui le suffrage du plus imposteur des démons ; qu’Arcésilas, et Carnéades, et Pyrrhon, et toute la secte académique flottent encore dans le doute ; que Simonide éternise ses délais ; que me fait tout cet orgueil de vos philosophes ? je la méprise. Pour eux, que sont-ils autre chose que des corrupteurs, des adultères, des tyrans et toujours d’éloquents parleurs contre les vices qui les souillent ? Nous n’affichons pas la sagesse sur nos fronts, nous la portons dans nos cœurs. Nous ne disons pas de grandes choses, nous laissons parler notre vie ; nous nous glorifions d’avoir trouvé ce que ces philosophes ont vainement cherché avec tant d’efforts. Pourquoi donc nous montrer ingrats ? Que pouvons-nous désirer de plus, si la connaissance du vrai Dieu était un fruit mûr pour nos jours ? jouissons de notre bonheur, réglons notre vie sur la sagesse ; que la superstition soit réprimée, l’impiété confondue, que la vraie religion triomphe.
XXXIX. Quand Octave eut fini de parler, nous restâmes quelque temps dans l’étonnement et dans le silence, les yeux attachés sur lui. J’admirais avec transport comme il avait su fortifier de preuves, d’exemples, d’autorités, certaines choses qu’on sent mieux qu’on ne pourrait les exprimer, terrasser les méchants avec leurs propres armes, c’est-à-dire avec celles des philosophes, et montrer que la découverte de la vérité est aussi facile qu’elle est consolante.
XL. Tandis que, silencieux, je repassais en moi-même ce que je venais d’entendre, Cécilius s’écria : « Je félicite de tout mon cœur notre cher Octave, mais je me félicite surtout moi-même ; aussi je n’attends pas la décision du juge. Nous triomphons tous deux, j’ai droit de le dire pour ma part ; car s’il m’a vaincu, j’ai vaincu l’erreur. Pour le fond de la question, j’admets une Providence, je me rends au vrai Dieu, je