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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/14

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DE LA TRADITION.

mière qui n’était pas moins nécessaire, elle est demeurée sans exécution ; la seule grâce que Jésus-Christ ait faite à son Église a été d’y conserver les saintes-Écritures sans altération, entre les mains de dépositaires fort suspects.

Mais, sans l’assistance du Saint Esprit, à quoi cette dernière grâce a-t-elle pu servir ? C’est sur le sens des Écritures que la plupart des disputes, des schismes, des hérésies sont arrivées dans l’Église. Si Jésus-Christ lui a conservé l’esprit de vérité, pour déterminer à fixer ce sens, toute dispute est finie ; il s’en suit que l’Église a conservé pure la doctrine de son divin maître, et qu’elle a eu droit de condamner les hérétiques. Si cela n’est point, l’Écriture est la pomme de discorde qui a divisé tous les esprits ; faute de la bien consulter ou de la bien entendre, les pasteurs de l’Église ont altéré la doctrine chrétienne ; les hérétiques ont bien fait de mépriser ses anathèmes ; il y autant de présomption en faveur de leur doctrine qu’en faveur de la sienne. Cependant Jésus-Christ a détruit le plus grand nombre des hérésies et conservé l’Église. Où est l’équité, où est la sagesse de ce divin législateur ? C’est aux protestants de nous expliquer ce phénomène.

Cinquième preuve. — Tout le monde convient que la certitude morale, fondée sur le témoignage des hommes, est la base de la société civile ; elle ne l’est pas moins à l’égard d’une religion révélée, puisque celle-ci porte sur le fait de la révélation ; et ce fait général en renferme une infinité d’autres. Tous sont prouvés par des témoignages, et l’on démontre aux déistes que la certitude qui en résulte doit exclure toute espèce de doute raisonnable, et prévaloir à tout argument spéculatif. En effet, lorsqu’un fait sensible est attesté par une multitude de témoins qui n’ont pu agir par collusion, qui étaient