cent quatre-vingt-quatorze ans et un mois depuis la naissance du Sauveur jusqu’à la mort de cet empereur, ce qui revient à l’année 192 de notre ère, qui diffère de deux ans avec le comput adopté par saint Clément d’Alexandrie. Des réflexions curieuses sur les diverses opinions touchant l’époque de la naissance et de la mort de Jésus-Christ viennent naturellement se placer sous la plume de saint Clément.
En tête de son second livre, saint Clément prévient ses lecteurs qu’il ne recherche pas la beauté du langage. Il veut nourrir l’esprit plutôt que charmer les oreilles, persuadé qu’un écrivain qui songe à orner ses phrases a peu d’attention pour le fond des choses. Reprenant ensuite son sujet où il l’a laissé avant de présenter le tableau chronologique de l’histoire du monde, lorsqu’il a établi que les livres des Grecs ont été écrits postérieurement à ceux de Moïse, il énumère les larcins que la philosophie a faits à l’Écriture-Sainte, et il applique aux philosophes cette parole de Jésus-Christ dans l’évangile de saint Jean : « Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs, » voulant exprimer par là que c’était le Verbe qui avait parlé par la bouche des prophètes, longtemps avant son incarnation, et que les philosophes s’étaient emparés de leurs idées pour les donner comme si elles leur appartenaient. Justin le martyr soutenait les mêmes opinions avant saint Clément. Ce philosophe chrétien disait aux Grecs, en attaquant l’idolâtrie, que ces superstitions avaient été blâmées autrefois par le Verbe parlant par la bouche de Socrate. Saint Clément d’Alexandrie ajoute « que non-seulement les païens ont emprunté à nos livres saints leurs miracles, qu’ils attribuent à leurs fausses divinités, mais que les philosophes y ont puisé leurs principaux dogmes sur la crainte de Dieu et sur une infinité d’autres pensées qui se rapportent à l’espérance et à la charité. » Il met en parallèle un grand nombre de passages tirés des livres saints avec des passages tirés des livres des philosophes, pour faire voir ce que les seconds doivent aux premiers. « Mais, réprend-il, on ne peut parvenir à la connaissance de Dieu que par la foi : celui qui ne croit pas ne comprend pas. Aussi combien les philosophes, malgré tous leurs larcins,