fait ensemble de ce chant immortel qu’a fait entendre le Verbe, de ce concert divin où tout se tient, s’harmonise, se répond, la fin avec le milieu, le milieu avec le commencement. Ce ne sont plus les accords du chantre de Thrace, semblables à ceux dont Tubal fut l’inventeur, mais les accents qu’imitait David, et qu’inspirait le Dieu qui fit le monde. Le Verbe de Dieu, né de David, bien qu’il fut avant lui, a rejeté la harpe, la lyre, tous les instruments inanimés. Mais accordant avec l’Esprit-Saint et le monde, et l’homme qui est à lui seul un monde, mettant en harmonie son corps et son âme avec ce même esprit, il a fait une lyre vivante, un instrument à plusieurs voix pour célébrer le Dieu créateur ; il chante, et l’homme, principale voix du concert, lui répond. Car c’est de lui qu’il est dit : « Vous êtes tout à la fois ma lyre, ma flûte, mon temple ; » lyre, par l’harmonie des accords ; flûte, par le souffle de l’Esprit saint, temple, par la présence du Verbe. Celle-ci résonne, celle-là soupire, dans l’autre habite le Seigneur. Aussi David, dont les mains royales touchaient la lyre, exhortait l’homme à la vérité, et le détournait du culte des démons. Il ne les chantait pas dans ses sublimes cantiques, lui qui les chassait par les sons d’une lyre qui ne savait pas tromper, lui qui n’avait besoin que de faire retentir ses cordes harmonieuses pour délivrer Saül de l’esprit malin qui le torturait, et rendre la paix à son cœur.
L’homme, fait à l’image de Dieu, n’est pas le seul instrument animé, merveilleux : il en est un autre plus saint, plus complet, sans la moindre discordance ; c’est la sagesse souveraine, c’est le Verbe de Dieu descendu du ciel. Que veut cette lyre, le Verbe divin, notre souverain maître ? Quel est le but de ces accords nouveaux ? Rendre la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, redresser les boiteux, ramener dans les voies de la justice ceux qui s’égarent, révéler Dieu à ceux qui l’ignorent, détruire la corruption, dompter la mort, réconcilier avec leur père des enfants rebelles. Cette lyre divine est tout amour pour l’homme : le Verbe a pitié de lui, il l’exhorte, il le presse, il l’aiguillonne ; il l’avertit de ses écarts, il le protége contre