mangé du tambour, répète-t-on, j’ai bu de la cymbale, j’ai porté la coupe, je suis entré secrètement dans le lit nuptial. » Les nobles symboles ! les augustes mystères ! Et le reste, vous le dirai-je ? Cérès conçoit de Jupiter et met au monde une fille qu’on appela Coré ou Proserpine ; et voilà que ce Jupiter, après avoir corrompu la mère, corrompt la fille ; c’est ainsi qu’il répare son premier crime. Il est tout à la fois le père et le corrupteur de Coré ; pour arriver à ses fins il s’était caché sous la forme d’un serpent, de manière cependant qu’on pût encore le reconnaître. Quel est, en effet, le symbole offert aux initiés dans les mystères bachiques ? Un Dieu qui se glisse furtivement dans leur sein, et ce Dieu, c’est un reptile qu’on retire du sein des adeptes. Preuve incontestable de la lubricité de Jupiter ; Proserpine accouche et met au monde un taureau, comme le chante un poëte, fervent adorateur des idoles : « Le taureau est père du dragon et le dragon père du taureau : le pâtre cache son aiguillon dans la montagne. » Que veut-il faire entendre par cet aiguillon ? N’est-ce pas l’élégante férule que les prêtres du dieu entourent de feuillage ?
Vous rappellerai-je Proserpine cueillant des fleurs, sa corbeille, son enlèvement par Pluton, sa disparition dans un trou, les truies du pauvre Eubulus englouties sous la terre avec les deux déesses. Voilà pourquoi, dans les Thesmophores, on chasse des porcs à la manière des Mégariens. Les femmes, dans toutes les villes, célèbrent cette fable par différentes fêtes connues sous les noms de Thesmophores, de Scirrophores. Elles chantent l’enlèvement de Proserpine sur des tons divers et d’une manière tragique.
Les mystères de Bacchus sont atroces ; on raconte que les Curètes dansant armés autour du jeune Bacchus, des Titans qui s’étaient glissés dans l’assemblée, attirèrent l’enfant par l’appât de quelques petits présents, le saisirent et le mirent en pièces, comme nous l’apprenons du poëte Orphée. Ils lui donnèrent, nous dit-il, un sabot, un disque, d’autres objets d’amusement qui exercent le corps, des pommes d’or, cueillies dans le jardin des Hespérides. Mettre sous les yeux les futiles symboles