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Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/215

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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

cigüe de Socrate n’était là pour l’arrêter. Il ne laisse pas néanmoins d’écrire ces mots : « La grandeur et la puissance appartiennent incontestablement à l’être qui ébranle la nature ou la pacifie à son gré. Quelle est sa forme ? elle échappe à nos regards. Le soleil épanche çà et là ses rayons ; cependant il ne se laisse pas contempler impunément. Le mortel qui fixe sur lui un œil présomptueux est ébloui par ses splendeurs. » Où le fils de Gryllus a-t-il puisé tant de sagesse ? Les accents de la prophétesse des Hébreux sont-ils parvenus jusqu’à son oreille ?

« Quel œil de chair pourra contempler le Dieu immortel et véritable, qui réside dans les hauteurs des cieux ? Demandez à l’homme, frèle créature, s’il peut regarder en face la lumière du soleil et en soutenir la majesté ? »

Écoutons Cléanthe de Pisade, philosophe stoïcien, qui en nous exposant non pas une théogonie poétique, mais une théologie véritable, ne nous a point dissimulé ses sentiments sur la Divinité :

« Quel est le bien suprême, dis-tu ? Apprends-le de ma bouche. C’est ce qui est réglé, juste, saint, pieux, maître de soi, utile, beau, convenable, austère, rigide, toujours avantageux, supérieur à la crainte, exempt de douleurs, étranger à la souffrance, salutaire, agréable, d’accord avec soi-même, illustre, vigilant, doux, permanent, inimitable, irrépréhensible, éternel. Esclave grossier, tout homme qui s’attache à l’opinion et qui espère en tirer quelque profit ! »

Ces paroles montrent bien, si je ne me trompe, quel est Dieu. Elles ne manifestent pas moins que le torrent de la coutume et de l’opinion conduit à une honteuse servitude les infortunés qui aiment mieux s’abandonner au cours des idées vulgaires que de suivre Dieu.

Mais gardons-nous de passer sous silence les témoignages de Pythagore. « Il n’y a qu’un Dieu. Il ne réside pas, comme quelques-uns le soutiennent, en dehors du mouvement de la nature ; il est tout entier dans l’économie générale du monde, tout entier dans tout l’univers, surveillant de tout ce qui