Il n’est point hors de propos ici d’emprunter les paroles et le sentiment de ceux qui veulent que le retour au bien provienne de ce que l’âme est purgée de ses souillures ; en sorte que revenir au bien ou quitter le mal serait la même chose. Car, de ce qu’un homme se tourne vers le bien, il suit nécessairement qu’il doit se repentir d’avoir mal fait ; il est donc ramené à la vertu par le repentir. C’est ainsi que nous-mêmes, touchés du repentir de nos fautes, et renonçant au péché et à ses suites désastreuses, nous sommes lavés par le baptême, et que nous courons à la lumière éternelle, comme des enfants à leur père. C’est encore pour cela que notre Sauveur s’écrie, transporté d’une joie sainte : « Je vous rends gloire, mon père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et que vous les avez révélées aux petits. » Il nous appelle enfants et petits, parce que nous sommes plus disposés à marcher vers le salut que les sages du monde ; ces faux sages, qui, fiers de leur sagesse, s’aveuglent eux-mêmes dans les fumées de leur orgueil. Il s’écrie donc, dans un transport de joie, et comme étant lui-même au nombre de ces enfants chéris : « C’est justice, ô mon père, puisque telle est votre volonté. » De là vient que ce qu’il a caché aux sages et aux prudents du siècle, il l’a révélé aux enfants. Nous sommes donc à juste titre enfants de Dieu, nous qui, après avoir dépouillé le vieil homme, quitté la tunique du vice, et revêtu l’incorruptibilité de Jésus-Christ, afin de devenir un peuple nouveau et saint, conservons l’homme pur et incorruptible, régénérés que nous sommes et purifiés de la souillure du vice, comme des nourrissons de Dieu.
L’apôtre saint Paul a décidé cette question en termes fort clairs, lorsqu’il a dit, dans sa première épître aux Corinthiens : « Mes frères, ne soyez point sans prudence et sans discernement comme les enfants ; mais soyez comme des enfants pour le vice, et comme des hommes faits pour la prudence. » Ces expressions du même apôtre, dont il se sert en parlant de lui-même : « Quand j’étais enfant, je parlais en enfant, je jugeais en enfant ; » ces mots signifient la conduite